OUZOU - La wilaya de Tizi-Ouzou qui avait longtemps négligé sa façade maritime, a réussi ces 15 dernières années, a non seulement rattraper le retard, mais aussi à s'imposer désormais comme wilaya pionnière dans l'activité de l'aquaculture. C'est dans cette wilaya, et plus précisément dans la commune côtière d'Azeffoune (60 Km au nord-est de Tizi-Ouzou), que le premier projet, à l'échelle nationale, de ferme aquacole d'élevage de poisson (loup et daurade) en mer ouverte, a vu le jour sur le site de Mlata (entrée ouest de cette ville). Les travaux de réalisation de ce projet-pilote doté d'une capacité de production prévisionnelle annuelle de 1 200 tonnes de loup et Daurade, ont débuté en 2004. Les premiers poissons de la ferme ont été mis sur le marché en juin 2009. La production de cette ferme est achetée par des clients, notamment des restaurants et des hôtels de Tizi-Ouzou (Azeffoune, Tigzirt et Azazgaà) et d'autres wilayas dont Annaba, Constantine, Blida, Boumerdès, Bejaia, Sétif et Alger. La pêche des poissons se trouvant dans les cages flottantes nécessite l'utilisation d'un catamaran, une embarcation destinée à l'activité aquacole. Un produit jusque-là importé pour un montant moyen de 55 millions de DA. Des catamarans made in Alegria pour réduire les importations Pour réduire les importations de catamarans, le chantier de construction et de réparation de bateaux de pêche "Algérie-Koréa marine service" (SARL SAKOMAS), installé au port d'Azeffoune, et qui a été réceptionné en décembre 2014, s'est lancé dans la construction du premier catamaran algérien en fibre de verre, et qui sera cédé contre 25 millions de dinars, a-t-on appris de son responsable. Selon le président directeur général (PDG) de cette société algérienne, Nour El Islam Benaoudia, rencontré à Azeffoune, la décision de se lancer dans cette activité a été prise après avoir constaté que la flottille de pêche est "vieillissante avec 50% des bateaux dépassant les 30 années d'âge". En outre, les réparations sont effectuées à l'étranger, a observé M. Benaoudia. "Il fallait qu'il y ait un chantier pour répondre à cette demande et accompagner la politique de l'Etat dans le développement du secteur de la pêche", a-t-il expliqué, rappelant que les premiers bateaux sortis du chantier naval d'Azeffoune sont des bateaux "petits métiers" de 12 à 14 mètres de long. En mars dernier, SAKOMAS a mis sur le marché le plus grand bateau construit en Algérie en fibre de verre. Il s'agit d'une embarcation de 19 mètres de long. Voulant passer à une étape supérieure, cette société s'est lancée dans la construction du premier catamaran algérien, a indiqué ce même investisseur. Il s'agit d'un bateau à deux coques d'une longueur de 14 mètres et d'une largeur de 6,30 mètres, et doté d'une puissance de 335 CV et d'une grue d'une capacité de levage de 4 tonnes, a-t-on appris de même source. "Le taux d'avancement de la réalisation de cette embarcation destinée à un client de Tigzirt, a atteint 70%. Il sera achevé en juillet prochain", a informé M. Benaoudia. S'agissant du plan de charge de la société SAKOMAS, son PDG a indiqué que "beaucoup d'opérateurs attendent la sortie du premier catamaran et sa mise à l'épreuve, pour confirmer leur commande comme ce fut le cas pour le bateau de 19 mètres pour lequel des intéressements se sont manifestés après sa mise à l'eau", a-t-il observé. Un partenariat avec l'université de Tizi-Ouzou La technique de construction de bateaux de pêche en fibre de verre a été acquise par SAKOMAS, à la faveur d'une convention signée entre celle-ci et la société sud-coréenne Hyundai, en cours jusqu'à 2027, portant sur le transfert du savoir-faire et la formation. Ce chantier naval travaille également en partenariat avec l'université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou. "Un projet de convention entre SAKOMAS et cette université est en cours d'élaboration pour des stages pratiques au profit des étudiants", a indiqué M. Benaoudia qui a affirmé que des étudiants ont été déjà reçus au niveau du chantier naval d'Azeffoune. De son coté, le doyen de la faculté de Génie de la construction, Ould Ouali Mohand, a indiqué à l'APS que SAKOMAS fait partie des entreprises avec lesquelles l'université de Tizi-Ouzou envisagerait une convention dans les domaines du génie mécanique, design, matériaux, corrosion des matériaux, entre autres. La création d'une spécialité en construction et architecture navales à l'université de Tizi Ouzou, formation dont l'exclusivité revient actuellement à l'université d'Oran, permettra de développer l'activité de construction et réparation navale au niveau de la région", a-t-il soutenu. La wilaya de Tizi-Ouzou, qui est pionnière dans l'activité aquacole et la construction de catamarans, va jouer un rôle important dans la concrétisation du programme national aquacole, inscrit au titre du plan quinquennal 2015/2019 destiné à augmenter la production algérienne de poissons d'élevage, escompte-t-on. Le programme de développement de cette filière à l'horizon 2019 a pour objectif d'atteindre une production nationale de plus de 100 000 tonnes de poisson issue uniquement de l'aquaculture dont 80 000 tonnes en aquaculture marine et 20 000 tonnes en eau douce, et ce, par la réalisation, à travers le territoire national, de plus de 600 fermes d'élevage, dont 400 en eau douce et 190 en mer ouverte, a indiqué à l'APS le Directeur central chargé de l'aquaculture au ministère de l'Agriculture, du développement rural et de la Pêche et des Ressources Halieutiques, Mustapha Oussaïd. Actuellement et à l'échelle nationale, 20 projets sont en activité et produisent environ 4000 tonnes de poissons et de moules, volume qui était de seulement 300 à 320 tonne en 2000. En outre, plus de 120 autres fermes aquacoles sont en cours de réalisation ou de montage financier, et, d'ici 2017, environ 50 projets seront installés, a ajouté ce même responsable qui a relevé une augmentation progressive de la production nationale de poisson et mollusques d'élevage et un "engouement" de la part des investisseurs pour se lancer dans l'aquaculture. S'agissant de la wilaya de Tizi-Ouzou, une quinzaine de projets inscrits permettront, à leur entrée en activité, d'atteindre une production annuelle de 15 000 tonnes de poissons et mollusques, a-t-il ajouté en rappelant que la ferme aquacole d'Azeffoune produit une moyenne de 100 tonne/an.