Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a présenté, dimanche, lors de la tenue de la réunion de la tripartite, les grandes lignes du nouveau modèle de croissance économique qui vise l'émergence d'une base productive et industrielle moderne et compétitive tout en préservant la justice sociale. Dans son intervention à l'ouverture de cette réunion, M. Sellal a expliqué que ce nouveau modèle déployait une approche "claire et consensuelle" jusqu'en 2019 avec des perspectives à l'horizon 2030, tout en relevant que les richesses naturelles ne pourront plus, à l'avenir, garantir la pérennité du modèle politique et social actuel de l'Algérie. "Il nous faut donc aller chercher la croissance ailleurs, c'est-à-dire dans la sphère économique réelle là où l'entreprise, publique ou privé, est la clé de voûte", a-t-il souligné. Ce modèle de croissance, selon lui, intègre un cadrage budgétaire sur le court et moyen termes, réaménagé en fonction des éléments factuels de conjoncture tout en maintenant les objectifs de croissance et d'édification d'une économie émergente fixés par l'autorité politique. L'objectif est d'aboutir, en bout de cycle, à des niveaux soutenables en matière d'équilibres des finances publiques. Le modèle comprend également des mesures visant à consolider la justice sociale sans surcoûts économiques, réformer la fiscalité et mettre le budget au service de la croissance et du développement humain et durable, a-t-il détaillé. "Tous nos efforts et nos capacités sont orientés vers la réunion des conditions d'émergence d'une base productive et industrielle nationale moderne et compétitive, à travers l'amélioration de l'environnement de l'entreprise et la promotion de la production nationale, en luttant ensemble contre ce qui bloque son épanouissement et en écartant les bureaucrates et les véreux", a-t-il insisté. ==L'Algérie dispose des facteurs pour une émergence économique== Affirmant que les ingrédients d'une émergence économique existent, M. Sellal a souligné qu'il était temps de mettre en symbiose ces facteurs favorables et de mobiliser l'ensemble des acteurs dans le cadre d'une gouvernance et d'un plan qui allient vision stratégique, pragmatisme et responsabilité sociale et politique. Dans ce cadre, le Premier ministre a appelé à "consolider et conforter" le Pacte national économique et social pour la croissance, une outil dont s'est doté la tripartite en 2014 et qui "commence à donner des résultats". M. Sellal a reconnu, par ailleurs, que la situation était "dure" et que les contraintes étaient "réelles" avec des "lendemains incertains". Toutefois, l'Algérie, économiquement, "résiste bien" à ce contexte très difficile et à l'évolution improbable, a déclaré M. Sellal soulignant que les performances de l'économie algérienne et ses capacité à améliorer la croissance demeuraient "réelles", malgré la violence et les impacts du choc pétrolier. Il en veut pour preuve les derniers indicateurs macro-économiques, citant particulièrement le volume d'importations en baisse de 13,07% durant les premiers mois de 2016 par rapport à la même période de 2015, le taux d'inflation stabilisé à 4,11% ainsi que les crédits à l'économie en constante progression (+9% par rapport à la même période de 2015). Les réserves de changes sont actuellement à 136,9 milliards de dollars, alors que le niveau de liquidités dans les banques est de 1.684 milliards de DA. "Les institutions financières internationales corroborent ces données et accréditent notre démarche économique", a observé le Premier ministre notant que le FMI avait affirmé dans son rapport de mai 2016 que le choc pétrolier n'a eu qu'un effet limité sur la croissance du PIB de l'Algérie. Dans ce rapport du FMI, il est également souligné que l'Algérie a la possibilité de mener l'ajustement de manière progressive et de reconfigurer son modèle de croissance et que la progression du taux de chômage était faible (de 10,6% en 2014 à 11,29% fin 2015) avec un niveau "correct" des réserves de change et celui "très bas" de la dette extérieure (1,8% du PIB), a rappelé M. Sellal. L'Algérie est "parmi les rares producteurs de pétrole qui continuent de faire de la croissance et de créer des activités et de l'emploi", a ajouté le Premier ministre, indiquant, dans ce sillage, que le nombre des investissements déclarés sur les trois dernières années représentait 70% des créations d'activités depuis 2002 (24.386 projets lancés entre 2013 et 2016). Par ailleurs, l'emprunt national pour la croissance "évolue correctement", selon lui. "Ce sont des signaux forts de confiance des investisseurs de l'économie algérienne", a-t-il déclaré appelant la société algérienne à oeuvrer de toutes ses forces pour accélérer encore plus cette "dynamique vertueuse" parce que désormais, "le temps nous est compté". Il a prévenu, dans ce cadre, que même si les prix des matières premières, dont essentiellement le pétrole, revenaient à des niveaux élevés dans le futur, ils ne suffiront pas à couvrir le développement socioéconomique du pays. Mais malgré ses difficultés économique, le pays est "sûr et stable", "souverain et maître de la décision politique et économique", a-t-il assuré.