Un récital de musique malouf, revisitant des pièces du patrimoine andalou et mahdjouz, a été animé mercredi soir à Alger par des étoiles montante du genre lors d'une soirée en hommage au maître El Hadj Mohamed Tahar Fergani. Organisé à la salle El Mouggar par l'Office national de la culture et de l'information (ONCI), ce récital, s'inscrivant dans une série d'hommages à des figures de la musique algérienne, a permis au public de découvrir ou redécouvrir les nouveaux talents occupant la scène du malouf constantinois. Agé d'à peine 23 ans, Adlene Fergani, petit fils du Cheikh, s'est distingué par une interprétation très proche du timbre de voix familial sur des pièces connues du patrimoine malouf comme "Men jat forgtek fi bali", et par son jeu juste et énergique au luth, sur des morceaux de mahjouz (genre populaire constantinois) contrairement à son aîné, connu pour ses talents de violoniste. Représentant la quatrième génération de chanteurs et musiciens malouf de la famille Fergani, après son oncle Salim, son grand père et son arrière grand père Hamou, Adlene ambitionne de "préserver et présenter au public" les nombreuses pièces conservées et enregistrées par ses aînés. Le chanteur a également indiqué qu'il souhaitait, avec d'autres membres de la famille, "relancer l'école de malouf" qu'avait créé son grand-père et qui n'active plus aujourd'hui afin de préserver et transmettre le patrimoine malouf. Influencé par la dextérité de El Hadj Mohamed Tahar Fergani, Toufik Touati a, pour sa part, mis en avant l'héritage du maître au violon. Très apprécié par le public, moyennement nombreux à cette soirée, Abbas Righi, considéré comme l'étoile montante, a lui aussi rendu un hommage appuyé à ce monument de Constantine avec des pièces du patrimoine portées par sa voix cristalline. Né en 1928 à Constantine, Mohamed Tahar Fergani avait fait ses classes auprès de son père Hamou (1884-1972), chanteur et compositeur du Hawzi, avant de s'intéresser au malouf avec son maître Cheikh Hassouna Ali Khoudja (1896-1971). Avec sa voix exceptionnelle et son jeu au violon, il deviendra le plus grand maître du malouf, en plus d'avoir été formé aux autres instruments de musique et à l'art de la broderie traditionnelle. Après des centaines d'enregistrements, le Cheikh enregistre des coffrets du malouf et forme son propre orchestre et reste jusqu'à aujourd'hui la plus importante référence du genre. Organisés tous les soirs jusqu'au 29 juin, ces spectacles rendront hommage à d'illustres artistes algériens dont Meriem Fekai, Cheikha Titma, Chérifa ou encore Khelifi Ahmed.