L'organisation des droits de l'homme, Amnesty International (AI) a lancé une campagne pour un procès civil équitable pour les 23 militants des droits de l'homme sahraouis, dont 21 détenus par les forces d'occupation marocaines dans la prison de Salé à Rabat, accusés dans l'affaire connue de Gdeim Izik. L'ONG a lancé, mardi, une "action urgente" sur son site et à travers des correspondances, afin d'interpeller l'opinion publique internationale, à se joindre à elle pour "exhorter les autorités marocaines à veiller à ce que le nouveau procès civil des 23 militants des droits de l'homme, sahraouis, soit équitable et conforme aux normes internationales". Amnesty appelle aussi à faire pression sur le Maroc pour que toutes les déclarations "obtenues sous la torture" soient exclues de la procédure judiciaire, et écartées du procès. La campagne inclut également la libération immédiate des prisonniers politiques sahraouis, dans l'attente du procès civil, "à moins qu'il existe des motifs valables de les détenir". Il s'agit aussi d'exhorter les autorités marocaines à diligenter une enquête "indépendante et impartiale sur les allégations de torture et autres mauvais traitements" depuis l'incarcération des accusés il y a 6 ans. En novembre 2010, des affrontements ont éclaté au Sahara occidental, lorsque les forces de sécurité marocaines ont démantelé un camp sahraoui à Gdeim Izik où des milliers de Sahraouis manifestaient pour des revendications sociales et économiques. Des centaines de Sahraouis ont été arrêtés et 25 d'entre eux ont été condamnés par un tribunal militaire, dont 21 sont encore en prison. Ils purgent de lourdes peines d'emprisonnement allant de 20 ans à la perpétuité. Les prisonniers politiques sahraouis avaient mené plusieurs fois, des grèves de la faim pour protester contre leur incarcération arbitraire et leur jugement inéquitable. Le 27 Juillet, la Cour de cassation du Maroc avait annoncé sa décision de rejuger les accusés sahraouis dans un nouveau procès, cette fois ci, sans fixer une date. Les accusés avaient fait appel de leur condamnation devant le plus haute juridiction du Maroc en 2013, à la suite d'un procès militaire "injuste entaché par des allégations de torture, qui n'a jamais été étudié par les autorités", souligne Amnesty International. Plusieurs organisations de par le monde avaient affirmé alors, que le procès avait été non équitable, entaché d'irrégularités et non conforme aux normes internationales des droits de l'homme. "Il a fallu à la Cour marocaine de cassation plus de trois ans pour se prononcer sur la requête des détenus sahraouis, bien que l'article 546 du Code de procédure pénale du Maroc oblige la plus haute juridiction du Maroc à se prononcer sur un cas de pourvoi de cassation dans les trois mois suivant sa réception", s'est indignée l'ONG. Au lendemain de la décision de la Cour de cassation marocaine, Amnesty avait déjà plaidé pour un procès civil équitable, conforme aux normes internationales, basé sur une enquête impartiale. L'ONG avait demandé aux autorité marocaines, à maintes reprises, de libérer les prisonniers sahraouis et de leur accorder un nouveau procès civil équitable. Des organisations internationales, ainsi que les familles des prisonniers avaient, à plusieurs occasions, demandé un autre procès, appelant à l'application du droit international dans ce dossier, puisqu'il s'agit de détenus politiques liés à la question sahraouie qui est gérée par l'Organisation des Nations unies (ONU). Même le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme avait exprimé son inquiétude face aux rapports attestant que les accusés sahraouis avaient été torturés et maltraités pendant leur détention provisoire. "Le recours aux tribunaux militaires ou d'exception pour juger des civils soulève de sérieux problèmes quant à l'équité, l'impartialité et l'indépendance de l'appareil de justice", avait déclaré le porte-parole du Haut-Commissariat onusien.