L'ambassadeur d'Algérie à Bruxelles, Amar Belani, a remis les pendules à l'heure en réponse aux "sorties burlesques" du représentant permanent du Maroc auprès des Nations-unies, Omar Hilale, affirmant que les responsables algériens ont mieux à faire que d'accorder de l'importance ces "vaines gesticulations". Dans un entretien accordé au magazine Afrique Asie, Amar Belani a déclaré que "les sorties burlesques de ce Monsieur sont une parfaite illustration de la fable de la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le boeuf". Il a expliqué, à ce titre, que le représentant permanent du Maroc auprès des Nations unies "tente désespérément, à coups de pseudo +faits d'arme+ dérisoires, de faire accroire à une bilatéralisation de la question du Sahara occidental, alors que pour l'ensemble de la communauté internationale il s'agit bien d'une question de décolonisation qui doit être menée à son terme conformément à la légalité internationale". Amar Belani a affirmé, dans ce contexte, que "les hauts responsables algériens ont mieux à faire que d'accorder ne serait-ce qu'une once d'attention à de vaines gesticulations nourries de rhétorique inepte". Bien qu'elle n'est pas partie prenante dans la procédure judiciaire opposant le Front Polisario au Conseil de l'Union européenne et son partenaire marocain suite à l'annulation le 10 décembre dernier par le Tribunal européen de l'accord UE-Maroc sur la libéralisation des échanges des produits agricoles et de la pêche signé en 2012, M. Belani a indiqué que l'Algérie, à l'instar de la communauté internationale, suit "avec intérêt" l'évolution de ce dossier. Il a souligné que les conclusions de l'avocat général de la Cour de justice de l'UE (CJUE) rendues le 13 septembre dernier "doivent être appréciées, avant tout, sous l'angle du droit international", estimant, néanmoins, que ces conclusions "constituent une avancée majeure qui ne manquera pas de se refléter, d'une manière ou d'une autre, sur un positionnement plus cohérent de l'UE sur la question du Sahara occidental". Commentant ces conclusions, l'ambassadeur a affirmé que l'Avocat général de la Cour "a fait preuve de cohérence" en s'identifiant au consensus international et à la doctrine des Nations unies en matière de décolonisation, concluant sur cette base que "le Sahara occidental ne fait pas partie du territoire du Royaume du Maroc et que, par conséquent, les accords d'association et de libéralisation des échanges conclus par le Maroc avec l'UE ne lui sont pas applicables". L'avis de l'avocat général, un gain important pour le Front Plisario Selon l'ambassadeur d'Algérie à Bruxelles et chef de mission auprès de l'UE, il appartient désormais à la CJUE de "vérifier l'existence ou non de pratiques d'Etat attestant l'application de l'accord au territoire sahraoui". Il a rappelé, à cet égard, qu'un rapport factuel publié récemment par l'ONG "Western Sahara Resource Watch" révèle, preuves à l'appui, qu'au moins une transaction commerciale portant sur l'importation dans l'espace européen d'une cargaison d'huile de poisson, produite au Sahara occidental, a bien eu lieu en violation du droit international et de l'arrêt du Tribunal européen du 10 décembre 2015. La CJUE, a-t-il poursuivi, se trouve ainsi face à un exemple concret prouvant l'extension de fait de l'application des accords signés par l'UE au territoire du Sahara occidental. Par conséquent, "la CJUE devrait suivre l'avis de l'Avocat général lorsqu'il estime que, dans ce cas, le Tribunal a procédé à juste titre à l'annulation partielle de la décision contestée en ce qu'elle approuve l'application de l'accord de libéralisation au Sahara occidental", et que le Front Polisario est habilité à contester la décision litigieuse, a-t-il plaidé. Concernant le statut du Front Polisario et ses capacités à agir au nom du peuple sahraoui, Belani a estimé que l'avis de l'Avocat général "représente véritablement un important gain politique pour le Front Polisario", en ce qui le conforte dans son combat libérateur visant à permettre au peuple sahraoui, dont il est le représentant légitime et attitré, d'exercer pleinement et souverainement son droit inaliénable à l'autodétermination. "L'UE est appelée à adopter une position plus conforme à la légalité internationale, en veillant à faire respecter les décisions de la Cour", a soutenu Belani dans cet entretien au magazine Afrique Asie, paraissant à Paris, jugeant que l'ambition proclamée de l'UE à assumer le rôle d'acteur global dans la région devrait s'illustrer également par "une position plus affirmée en vue de restaurer le mandat de la MINURSO". Il a mis l'accent, à ce propos, sur la nécessité d' "engager fermement les deux parties, le Front Polisario et le Royaume du Maroc, sur la voie des négociations directes, sans conditions préalables, afin de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui pourvoie à l'autodétermination du peuple sahraoui, conformément à la légalité internationale".