La question de l'ex-colonie espagnole est une question de décolonisation, devant être menée à son terme, conformément à la légalité internationale. C'est ce qu'a déclaré l'ambassadeur d'Algérie à Bruxelles, Amar Belani, dans une interview à Afrique-Asie, parue jeudi. Le représentant auprès de l'Union européenne (UE) a en outre soutenu, au sujet des déclarations récentes de l'ambassadeur du Maroc auprès de l'ONU, Omar Hilale, lors du sommet des Non-alignés, que "les sorties burlesques de ce Monsieur sont une parfaite illustration de la fable de la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf", précisant que le responsable marocain "tente désespérément, à coups de pseudo-‘'faits d'armes'' dérisoires, de faire accroire à une bilatéralisation de la question du Sahara occidental", alors que "pour l'ensemble de la communauté internationale, il s'agit bien d'une question de décolonisation". D'ailleurs, le diplomate lâchera, dans ce cadre, que les responsables algériens "ont mieux à faire que d'accorder de l'importance à ces ‘'vaines gesticulations nourries de rhétorique inepte''". Interrogé sur les conclusions de l'avocat général de la Cour de justice de l'UE (CJUE), Melchior Wathelet, relatives à l'accord avec le Maroc sur la libéralisation des échanges de produits agricoles et de la pêche, M. Belani a indiqué que l'Algérie, qui n'est pas partie prenante dans ces procédures judiciaires, suit avec intérêt l'évolution de ce dossier, en observant que les conclusions, publiées le 13 septembre, "constituent une avancée majeure" qui ne manquera pas d'apporter une meilleure visibilité en matière de "positionnement plus cohérent" de l'UE sur la question sahraouie. M. Wathelet, dira-t-il, s'est "clairement" prononcé en faveur de l'inapplicabilité de cet accord, "en estimant qu'au sens du droit international, le Maroc n'exerce aucune compétence sur ce territoire et que sa souveraineté sur celui-ci n'est reconnue par aucun Etat au monde". L'avocat général de la CJUE, poursuivra-t-il, "constate, et c'est un tournant, que le Sahara occidental est, depuis 1963, inscrit par l'ONU sur sa liste des territoires non autonomes, qui relèvent de sa résolution 1514 (XV)". D'après l'ambassadeur algérien, Melchior Wathelet "a fait preuve de cohérence en s'identifiant au consensus international et à la doctrine des Nations unies en matière de décolonisation". Désormais, il appartient à la CJUE de vérifier "l'existence ou non de pratiques d'Etat attestant l'application de l'accord au territoire sahraoui", a-t-il indiqué, notant au passage que le récent rapport de l'ONG WSRW révèle, "preuves à l'appui", la violation du droit international et celle de la décision de la justice européenne du 15 décembre 2015, "toujours valable car l'arrêt du tribunal n'a pas été suspendu". D'où son appel pour que la CJUE suive l'avis de l'avocat général, et ce, d'autant que M. Wathelet a bel et bien relevé "la responsabilité historique" de l'Espagne, en tant que puissance administrante du territoire, qui n'avait pas "le pouvoir" de transférer l'administration de son ancienne colonie à un autre Etat sans l'accord du peuple sahraoui et du Front Polisario, son "seul" représentant légitime auprès des instances onusiennes et "partie au conflit et signataire de l'accord de cessez-le-feu de 1991". Pour M. Belani, l'avis de l'avocat général représente "un important gain politique" pour le Polisario, et cette nouvelle affaire balaie "la fiction d'un Maroc ‘puissance administrante de facto' dont usent trop commodément certains responsables européens". Hafida Ameyar