Le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh, a indiqué mercredi à Paris que l'Algérie et la France partageaient les mêmes points de vue concernant la lutte contre le terrorisme, réitérant que cette lutte ne doit pas être "seulement" sécuritaire". "Nous avons évoqué les grands défis que le monde confronte actuellement, notamment en ce qui concerne la lutte contre le terrorisme et le crime organisé. Les discussions que nous avons eues ont montré que nous partageons les mêmes points de vue dans le sens où la lutte contre le terrorisme ne peut, ne doit pas se baser seulement sur l'aspect sécuritaire. Elle ne pourra aboutir à des résultats avec l'unique vision sécuritaire", a-t-il expliqué dans une déclaration à l'APS et à la Télévision algérienne. Pour le ministre, cette lutte "doit être, au contraire, construite sur une stratégie englobant les aspects économique et social", a-t-il soutenu, à l'issue de la cérémonie de signature de la convention d'entraide judiciaire en matière pénale. Il a expliqué que "le terrorisme et lÆextrémisme violent se nourrissent, dans la plupart du temps, de l'échec de certaines politiques qui n'apportent pas des solutions, économiques et sociales, efficaces en direction de la jeunesse". C'est dans le cadre de cette coopération entre les deux pays, a-t-il ajouté, que "nous avons échangé les expériences dans ce domaine pour relever tous les défis que nous confrontons". Au sujet de la convention d'entraide judiciaire en matière pénale, Tayeb Louh a rappelé qu'elle fait suite à la décision du Comité intergouvernemental algéro-français de haut niveau (CIHN), qui s'est tenu en avril dernier à Alger. "Cette convention, a-t-il dit, permet aux deux parties de faire face aux défis des nouvelles problématiques du crime, notamment le crime organisé transnational", indiquant qu'elle contient des dispositions relatives à la modernisation des relations entre les deux pays dans le domaine de la justice, "dans le sens où elle a prévu l'échange d'informations, des actes de procédures et de documents à travers les nouvelles technologies de la communication". Il a précisé que cette convention a prévu aussi des dispositions liées aux principes "essentiels" qui consolident la coopération judiciaire et "prend en considération les spécificités des systèmes juridiques et judiciaires des deux pays. En ce qui concerne l'autre convention relative à l'extradition, le ministre a indiqué qu'il s'est entendu avec son homologue français qu'à la fin du mois de novembre, les experts des deux pays qui ont effectué un travail fructueux se rencontreront à Alger pour la finalisation du texte. De son côté, le ministre français de la Justice, Jean-Jacques Urvoas, s'est dit "convaincu" que la convention signée ce mercredi est un "document historique". "Nous avons mis cinq ans à travailler parce que nous voulions être certains de couvrir l'ensemble des champs de coopération judiciaire", a-t-il expliqué soulignant que l'Algérie est un partenaire "privilégié" et, dans le domaine de la justice, "c'est un de nos interlocuteurs essentiels". Il a expliqué que le protocole du 28 août 1962 nécessitait une modernisation pour "couvrir tous les champs". "Donc, nous avons souhaité, le ministre et moi-même, lorsque nous nous sommes rencontrés à Alger, un document pour bâtir l'avenir et qui nous permettra d'amplifier la coopération, renforcer le travail qui existe entre les tribunaux des deux pays, favoriser la compréhension mutuelle et d'aboutir à des résultats pour les justiciables", a-t-il précisé. Cette convention, a indiqué à l'APS un membre de la délégation algérienne, "a été négociée dans le respect de la souveraineté des deux Etats et en tenant compte des spécificités de leurs systèmes juridiques et judiciaires respectifs". Outre les dispositions relatives à la notification des actes judiciaires, la convention prévoit des dispositions "modernes" et "novatrices", à l'exemple de l'audition par vidéoconférence, les livraisons surveillées et l'échange d'informations et de documents par voie électronique. Tayb Louh, rappelle-t-on, est en visite de travail d'une journée en France à l'invitation de Jean-Jacques Urvoas.