Une violation de la trêve humanitaire instaurée à Alep en Syrie relancera inévitablement les hostilités dans la région et amènera à coup sûr les forces russes et syriennes à reprendre leurs opérations, notent les observateurs à Moscou. "La pause humanitaire a été décidée pour le seul objectif de permettre à ceux qui le désirent, de quitter le quartier Est d'Alep. Au cas où se poursuivront les attaques lancées par les militants de l'opposition, ces derniers seront alors contrés", a fait remarquer le vice-président de la commission des Affaires internationales au Conseil de la Fédération de Russie, Andrey Klimov. Mercredi soir, les forces russes et syriennes ont décidé de prolonger de trois heures supplémentaires la durée de la trêve humanitaire du 20 octobre à Alep, initialement fixée à huit heures. Le cessez-le-feu débutera à 8h00 locales (5h00 Gmt) et se terminera à 19h00, selon le général Serguei Roudskoi, chef du commandement opérationnel principal de l'Etat-major général des Forces armées russes. Moscou et Damas ont décidé de prolonger cette trêve, pour satisfaire "de nombreuses sollicitations émanant de représentants d'organisations internationales". Cette prolongation "permettra aux représentants de l'ONU et au Croissant-Croissant syrien de mettre en œuvre toutes les mesures pour laisser les malades et les blessés et les personnes qui les accompagnent, ainsi que la population civile, quitter la ville", selon un communiqué de l'armée russe. Le déroulement de l'évacuation sera diffusé en temps réel sur le site du ministère russe de la Défense grâce à des caméras de vidéosurveillance installées près des couloirs humanitaires, selon le général russe. Ce dernier a souligné que "les parties russe et syrienne ont rempli toutes leurs obligations liées à la mise en place d'une opération humanitaire à Alep-est". Selon les observateurs, la Russie craint que cette trêve soit rompue par des groupes armés "Djihadistes" et appelle à la nécessité impérieuse de faire le distinguo entre "opposition modérée et terroristes", condition indispensable, selon Moscou, pour parvenir à un règlement de la situation à Alep. C'est pour cette raison là qu'un panel d'experts du Groupe international de soutien à la Syrie, s'est réuni à Genève pour "accélérer le processus de séparation entre les opposants modérés des autres groupes appelés Djihadistes". Selon le sénateur russe, Andrey Klimov, "plusieurs groupes armés en Syrie sont contrôlés par le Pentagone et des unités de commando américaines. Ce serait étonnant si les Etats-Unis ne disposaient pas d'agents d'influence au sein de l'opposition armée et au sein des autres groupes islamistes qui cherchent à destituer Assad". Le Corridor de Mossoul mène à la Syrie Moscou craint par ailleurs une infiltration en Syrie des terroristes de l'organisation terroriste autoproclamée Etat islamique (EI, Daech) à partir de la ville irakienne de Mossoul. L'offensive sur Mossoul de l'armée irakienne, soutenue par la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis, "ne doit pas chasser les terroristes de l'organisation autoproclamée Etat islamique (EI, Daech) d'Irak vers la Syrie", a mis en garde mercredi le chef d'état-major de l'armée russe. "Il ne faut pas chasser les terroristes d'un pays à l'autre, mais les détruire sur place", a déclaré le général Valeri Guerassimov. Les forces irakiennes ont lancé dans la nuit de dimanche à lundi une offensive pour reprendre Mossoul, deuxième ville du pays, aux mains de Daech depuis juin 2014. Avant d'atteindre les abords directs de Mossoul où seraient retranchés entre 3.000 et 4.500 éléments de l'EI, les forces irakiennes doivent traverser des territoires contrôlés par les terroristes autour de la cité. Le risque d'une retraite des éléments de l'EI vers la Syrie est plausible. Le sénateur Klimov suggère de "jeter un coup d'œil sur une carte géographique" pour voir d'où sont lancées les attaques de la coalition dirigée par les Etats-Unis. "En d'autres termes, les éléments de l'EI se voient offrir un corridor pour effectuer une retraite vers la Syrie".