Les élections législatives, organisées par le régime syrien, mais boycottées par l'opposition, se sont achevées. Les opérations de vote se sont déroulées alors que la trêve, décrétée par Moscou et Washington le 27 février, n'est plus respectée. Les législatives en Syrie, convoquées par le président Bachar Al Assad, ont vu un fort taux de participation dépassant les 60%, ont indiqué hier des chiffres officiels. Le dépouillement des votes des élections législatives en Syrie se poursuivait d'ailleurs hier. Dans son communiqué, la Commission a indiqué que «la durée du scrutin a été prolongée de cinq heures, en raison du grand afflux aux bureaux de vote. Cela a dépassé toutes les attentes, plusieurs nouveaux bureaux de vote ont été ouverts dans différentes provinces pour assurer le suivi des élections». Ce scrutin décidé par Bachar Al Assad s'est tenu dans les régions sous contrôle gouvernemental, soit un tiers du territoire où vit environ 60% de la population syrienne. Les deux autres tiers étant sous contrôle d'organisations terroristes, à savoir le groupe autoproclamé Etat islamique (EI/Daech) et le Front Al Nosra (affilié à Al Qaîda), ou des rebelles. Pour les experts, les résultats devraient être «sans surprise», semblables à ceux des législatives de mai 2012. Alors que pour le parti Baas, à la tête du pays depuis plus d'un demi-siècle, ce sont «les élections de la résistance», pour les opposants de l'intérieur, comme pour ceux qui militent à l'étranger et dans les pays occidentaux, ces élections sont «illégitimes». De son côté, la Russie, convaincue que les élections législatives en Syrie constituent un pas «important» pour la stabilité du pays, a appelé les Occidentaux, pour qui le seul scrutin valable serait celui inscrit sur la feuille de route de l'ONU, à «une coopération honnête» avec Moscou pour le règlement de la crise en Syrie. Transition A cet effet, Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, a déclaré : «Vu ce qui se passe en Syrie, les élections législatives constituent un facteur important pour la stabilité de la situation dans le pays». Par ailleurs, l'ONU plaide pour la tenue d'élections générales courant 2017, une fois, espère-t-elle, avancées les négociations de paix. C'est d'ailleurs mercredi que s'ouvrait à Genève la seconde session de négociations indirectes entre le régime et l'opposition, sous la houlette de l'ONU. L'objectif de ces pourparlers : la mise en place d'une transition politique mettant un terme à plus de cinq ans de conflit. Cependant, la délégation de Bachar Al Assad ne se rendra à Genève qu'aujourd'hui. Les nouveaux pourparlers de paix intersyriens, qui devraient durer une dizaine de jours, ont démarré par une rencontre entre l'émissaire spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, et une délégation du Haut Comité des négociations. Par ailleurs, le groupe de pays soutenant les négociations de paix de Genève sur la Syrie est «frustré» et «déçu» par les difficultés d'accès humanitaire dans le pays, a reconnu hier l'émissaire spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura. S'adressant aux médias à l'issue d'une réunion à Genève du groupe de travail sur l'accès humanitaire, coprésidée par les Etats-Unis et la Russie, M. de Mistura a dit «ne pas pouvoir nier que tout le monde était déçu, en fait beaucoup d'entre eux étaient frustrés par le manque de nouveaux convois, ce qui empêche d'atteindre les régions assiégées. Jusqu'à présent, nous n'avons pas pu parvenir à Douma, Daraya et Harasta. Nous devons en faire plus pour Mouadamiyat, Zabadani, Kefraya et Foua», a-t-il dit. Trêve Sur le terrain, les combats qui s'étaient calmés ces dernières semaines après la trêve initiée, fin février, par Washington et Moscou, ont repris de leur intensité. En effet, des quartiers rebelles d'Alep ont été bombardés par les avions du régime en début de semaine. Ces combats, entre les troupes du régime et ses alliés, comme la Russie, et les djihadistes, se concentrent sur plusieurs fronts le long de l'autoroute Alep-Damas, axe déterminant pour le ravitaillement de la ville et l'acheminement en hommes et en armes de l'armée syrienne et de la population des zones contrôlées par le régime. Le Premier ministre syrien, Waël Al Halqi, avait d'ailleurs déclaré dimanche dernier que le régime et ses «partenaires russes étaient prêts à lancer une offensive pour reprendre Alep. La capitale économique du pays est un objectif stratégique pour toutes les parties au conflit». De son côté, l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a annoncé hier que les djihadistes du groupe Etat islamique (EI) se sont emparés en Syrie de plusieurs villages de la province septentrionale d'Alep près de la frontière turque.