Son prénom reflète l'abnégation de tout un peuple à revendiquer son identité. Sa bravoure renseigne sur la détermination d'une nation meurtrie et spoliée mais qui refusait l'asservissement. Elle s'appelait Dzaïr, était belle comme on peut l'être à seize ans et a sacrifié sa vie pour la cause de son peuple. Dzaïr Chayeb est la première des chahidate de Guelma tombée au champ d'honneur le 19 novembre 1954 à Medjez Sfa pendant qu'elle pansait les plaies du chahid Badji Mokhtar, un des déclencheurs de la révolution libératrice dans la région. Elle avait à peine 16 ans lorsqu'elle fut atteinte à la tête dans l'explosion d'une grenade alors qu'elle donnait des morceaux de sucre et pansait les plaies des moudjahidine dont leur chef Badji Mokhtar durant la bataille qui a eu lieu dans la ferme de son père Mohamed dans la région de Dhraâ Chouaf sur les monts Béni Salah, à 3 km de la RN-16 entre Guelma et Souk Ahras. Selon Karima Chayeb, nièce de la chahida dont le témoignage est enregistré sur un support audiovisuel à l'annexe de Guelma du musée du moudjahid, la ferme du père de la famille Chayeb fut un centre des moudjahidine qui s'y réunissaient avant le déclenchement de la révolution et y fixaient les cibles coloniales à frapper. Toute la famille, le père Mohamed, son épouse Djemaâ, leurs cinq fils et trois filles étaient engagés dans cette entreprise patriotique. La même source assure que le 18 novembre 1954, les gens de la ferme "Delly Benchouaf" vaquaient à leur tâches ordinaires et Dzaïr préparait le couscous et la galette de pain lorsqu'ils furent surpris par le bruit d'un avion survolant la ferme et des forces armées françaises qui s'avançaient. Une bataille déséquilibrée eut lieu durant laquelle trois martyrs dont Badji Mokhtar et Chayeb Dzaïr étaient tombés. Un engagement sans faille pour la patrie Née le 6 février 1938, Dzaïr a été ainsi nommée par son père par amour pour la patrie et elle transportait les armes de moudjahidine en recourant à divers subterfuges pour ne pas attirer l'attention de l'administration coloniale et de "ses yeux", assure Mme Kehla, la s£ur de Dzaïr, dans un témoignage également enregistré. Les multiples témoignages recueillis par l'annexe du musée du moudjahid révèlent, assure le directeur de l'annexe Yacine Chaâbane, que dès le début de l'engagement armé des moudjahidine avec l'ennemi français alerté suite à une dénonciation, Dzaïr a aussitôt quitté la cuisine pour rejoindre les moudjahidine sans hésiter une seconde ou faire montre d'une quelconque crainte des tirs de balles et d'obus. C'est Badji Mokhtar en personne qui lui avait demandé de donner des morceaux de sucre et de l'eau aux moudjahidine et de secourir les blessés. Pour le directeur des moudjahidine, Lazhar Medkour, Dzaïr est une des grandes femmes de la Révolution qui fut un exemple de courage, d'abnégation et de surpassement de soi. Cette martyre, a-t-il ajouté, dont le nom restera à tout jamais gravé dans l'histoire de l'Algérie est tombée au cours de la bataille de Reqaqma au côté du chahid Baddji Mokhtar qui, avec son groupe de premiers moudjahidine, avaient durant ces premiers jours de la Révolution asséné plusieurs coups aux forces coloniales avec notamment l'attaque le 7 novembre 1954 de la mine d'El Bernous à Hammam N'baïl (durant laquelle 3 fusils de guerre, 3 pistolets, des munitions et l'argent furent récupérés par les djounoud) et l'assaut mené le 16 novembre 1954 contre la gare ferroviaire entre Medjez Sfa et Machrouha.