L'intergroupe paix pour le peuple sahraoui au Parlement européen a exhorté la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, à intervenir pour que tous les prisonniers sahraouis du groupe de "Gdeim Izik" soient libérés et les charges qui pèsent contre eux levées. "Nous, en tant que membres du Parlement européen, exprimons notre solidarité avec le groupe "Gdeim lzik" et demandons votre intervention pour vous assurer que toutes les charges actuelles contre le groupe Gdeim lzik soient levées et les prisonniers libérés", a écrit l'intergroupe dans sa lettre à Mogherini, signée par 29 députés européens appartenant à différents groupes politiques. Dans cette lettre soutenue par les députés européens des principaux groupes du Parlement, l'intergroupe a mis l'accent sur la nécessité que "les droits fondamentaux de tous les prisonniers politiques sahraouis soient préservées" et que "les familles des prisonniers du groupe de "Gdeim Izik", ainsi que tous les Sahraouis et autres observateurs internationaux soient autorisés à suivre leurs procès". Le Groupe de Gdeim Izik a été arrêté et reconnu coupable en grande partie sur la base de confessions obtenues par la police sous la torture et de déclarations falsifiées, a souligné l'intergroupe dans sa lettre à la haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité. Les observateurs internationaux, a-t-il poursuivi, ont dénoncé à maintes reprises de "graves irrégularités" dans la procédure étant donné que les tortures et mauvais traitement dont ont été victimes ces prisonniers n'ont pas fait l'objet d'enquête conformément au Protocole d'Istanbul. Ce protocole, adopté en 1999 donne des lignes directrices sur la manière d'évaluer et de consigner les traces de tortures médicalement constatées. Dénonçant le harcèlement des prisonniers du groupe de Gdeim Izik au cours de leurs procès et les obstacles dressés par les autorités marocaines pour empêcher les familles de ces prisonniers sahraouis et les observateurs de suivre le procès, l'intergroupe a estimé que "ces intimidations confirment le caractère politique de la procédure". L'intergroupe paix pour le Sahara occidental a regretté, en outre, les propos du président de la Cour d'appel de Salé (Maroc) qui avait déclaré, concernant le cas de Nâama Asfari, que l'application des conventions internationales sur la torture "ne constitue pas un sujet de préoccupation pour la Cour". Arrêtés pour avoir revendiqué le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination L'association française "Action des chrétiens pour l'abolition de la torture" (ACAT), a déposé une plainte concernant Naâma Asfari, un des prisonniers du groupe de Gdeim Izik, auprès du Comité des Nations unies contre la torture. Ce dernier a condamné le Maroc, le 12 décembre dernier, pour "actes de torture" envers ce militant sahraoui, son emprisonnement sur la base d'aveux forcés et pour avoir refusé d'enquêter sur les allégations de torture. Selon l'intergroupe, ces civils sahraouis connus, aujourd'hui, sous le nom du groupe de Gdeim Izik ont été arrêtés, torturés et incarcérés pour avoir revendiqué, pourtant pacifiquement, le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. Un autre membre du groupe de Gdeim Izik, Hassana Ali, s'est vu accorder l'asile en Espagne sur une décision des tribunaux espagnols pour les mêmes raisons, a rappelé l'intergroupe. Plusieurs fois reporté, le procès des vingt-cinq militants sahraouis ouvert lundi 13 mars devant la cour d'appel de Salé, près de Rabat puis ajourné au 20 du même mois, a été reporté une nouvelle fois au 8 mai. En novembre 2010, les autorités d'occupation marocaines sont intervenues violemment afin de démolir le camp de résistance de Gdeim Izik qui avait été formé par environ 20.000 Sahraouis afin de défendre leurs droits économiques, sociaux et culturels, y compris leur droit à l'autodétermination et leur droit à disposer librement de leurs ressources naturelles. Selon les ONG, 25 civils sahraouis ont été arrêtés à la suite de ces événements, et la plupart ont passé 27 mois en détention provisoire. Accusés d'avoir formé une organisation criminelle ayant pour but de commettre des actes violents contre les forces de l'ordre marocaines, certains d'entre eux ont été condamnés, en 2013, à 20 ans de prison et d'autres à l'emprisonnement à perpétuité, par un tribunal militaire, bien qu'ils soient des civils, et cela en violation du droit international. Ces prisonniers ont été déférés, par la suite, devant un tribunal dit civil, dans le cadre de ce que qualifie le ministre sahraoui délégué pour l'Europe, Mohamed Sidati de "parodie de justice".