Environ 150 personnes, dont 8 journalistes ont été arrêtées depuis le début des manifestations quotidiennes dans la région du Rif au Maroc, alors que les principales revendications du mouvement contestataire (Hirak) n'ont pas été satisfaites, selon les médias. Depuis que les autorités marocaines ont annoncé le 8 juin le nombre de 86 personnes, les arrestations se poursuivent à al-Hoceima et Nador. (Trois ou quatre par jour", affirme un avocat de la défense cité par des médias marocains. Sur un premier groupe de 32 quelque 25 ont écopé de 18 mois de prison notamment pour "violences à l'égard des forces de l'ordre", "manifestations sans autorisations" et "rébellion" vingt jours après leurs arrestation. Autre victime de la répression, la corporation des journalistes. Les médias marocains font état de huit journalistes locaux arrêtés depuis le début, il y a 4 semaines, des manifestations sous leur forme actuelle (quotidiennes). Les rares journalistes marocains et étrangers encore sur place finissent pas jeter l'éponge. Dans le Rif , les militants qui ne sont pas encore derrière les barreaux craignent de répondre au téléphone de peur de subir le même sort. Pour tenter de contourner la colère des citoyens dans la région, plusieurs milliers de policiers ont été mobilisés à al Hoceima sans parvenir à empêcher les manifestations quotidiennes. Une militante des droits de l'Homme au Maroc et membre de l'Association marocaine des droits humains (AMDH), Khadija Ryadi, a fait état "d'environ 150 arrestations au cours de ces manifestations violentes. "Une quarantaine étaient toujours détenues mercredi matin. Beaucoup sont originaires de localités voisines et ont été interpellées alors qu'elles venaient manifester", a expliqué Mme Ryadi. "Les habitants ne se rassemblent plus dans un unique quartier pour manifester, ils protestent désormais dans plusieurs quartiers en même temps. Les forces de l'ordre interviennent alors immédiatement, usant parfois de gaz lacrymogène malgré la présence de femmes et d'enfants", a-t-elle critiqué. Les protestataires réclamaient la libération des détenus du "hirak", nom du mouvement de contestation qui revendique le développement d'une région se disant "marginalisée". Le leader du mouvement, Nasser Zefzafi, et ses principales figures ont tous été interpellés depuis la fin mai. La situation frise la "catastrophe" selon la société civile Les critiques d'ONG locales et internationales se sont depuis lors multipliées pour dénoncer la "répression" et "les arrestations arbitraires", tout en appelant à la libération des manifestants arrêtés. Cette "approche sécuritaire" est également contestée au sein de la classe politique, de la société civile ou dans les médias. Elle "conduit tout le pays à une "catastrophe". Nous allons payer un prix très, très cher pour tout ça", a ainsi dénoncé le politologue et journaliste Abdellah Tourabi. Le bilan du coté des services de sécurité marocains, a atteint près de 80 blessés parmi les policiers ces deux derniers jours dans des heurts avec des manifestants dans le nord du Maroc. Une cinquantaine de membres des forces de l'ordre ont été blessées lundi dans la ville d'Al-Hoceïma, la plupart par des jets de pierres, a indiqué une source au sein de l'exécutif local.Mardi, ce sont 29 policiers qui ont été blessés lors de nouveaux heurts dans la localité voisine d'Imzouren. Des affrontements avaient éclaté lundi, jour de l'Aïd al-Fitr, à Al-Hoceïma, épicentre d'un mouvement de contestation pacifique qui secoue le nord du Maroc depuis huit mois. Selon des militants locaux, la police avait verrouillé les accès à la ville et dispersé violemment toute tentative de rassemblement. Après la forte mobilisation dans le quartier de Sidi Abdi au soir de l'arrestation de Naser Zefzafi le 29 mai, la contestation prend désormais la forme de petits groupes qui se font écho de colline en colline sur les hauteurs d'Al Hoceima. La libération des détenus pourrait marquer le début d'un vrai dialogue entre manifestants et politiques. C'est l'une des principales revendications du Hirak et une recommandation de l"initiative d'al-Hoceima", coordonnée par l'ancien président de l'organisation marocaine des droits de 'lhomme (OMDH), Mohamed Nesh-Nash, qui a transmis une copie de l'écrit au guvenement. Mais jusque là rien de concret regrettent, les Rifains exigent du "palpable".