Alors que l'incertitude règne encore en Espagne quant à l'éventuelle application des propositions prises samedi en Conseil extraordinaire des ministres relatives à l'application de l'article 155 de la constitution, les indépendantistes catalans, eux, continuent leur mobilisation et se préparent en conséquence pour freiner l'application de ces propositions soumises au Sénat pour vote, vendredi prochain. Le ministre espagnol de la justice qui n'écarte pas la possibilité d'apporter des modifications aux propositions prises dans le cadre de l'article 155 de la constitution et soumises au Sénat pour vote selon l'évolution de cette crise. Des partis indépendantistes catalans à l'instar de la candidature de l'Unité populaire (CUP) ont appelé lundi à une "désobéissance civile massive" en Catalogne. Cette formation antisystème, la CUP, considère que l'application de l'article 155 de la constitution est la "plus grande agression faite contre les droits des citoyens catalans, individuellement et collectivement depuis la dictature de Franco". Dans une déclaration, elle a fait remarquer qu'elle poursuivra sa lutte de "manière non violente" et rejette l'application de l'article 155 dans l'optique de réaliser la liberté collective, soulignant par ailleurs que "cette semaine est cruciale pour l'avenir de la Catalogne". "Cette agression dirigée contre la majorité pro-indépendance doit avoir une réponse sous forme de désobéissance civile de masse de la part des citoyens", ajoute ce parti qui précise par ailleurs, que des initiatives "concrètes" seront présentées au cours de cette semaine. Pour la gauche républicaine catalane, la meilleure réponse à l'application des propositions annoncées par Mariano Rajoy dans le cadre de l'article 155 de la constitution est de "ratifier la déclaration d'indépendance sur la base des résultats du référendum du premier octobre". Le porte-parole de cette formation politique, Sergia Sabria, qui n'a cependant pas précisé la manière dont sera levée la suspension de la déclaration d'indépendance a souligné que la "meilleure réponse est la République". Devant la menace d'un nouveau développement dans la question catalane comme notamment, une déclaration unilatérale d'indépendance de la Catalogne, le gouvernement central ainsi que le Sénat, peuvent modifier les propositions prises dans le cadre de l'article 155 de la constitution. Dans ce sens, le ministre espagnol de la justice, Rafael Catala a déclaré lundi que l'exécutif et le Sénat pourraient modifier les propositions s'il y'aura de nouveaux développements en Catalogne. Pour le moment, a souligné Catala, le Sénat analyse la situation et les propositions soumises par le gouvernement, et si entre temps, il y'a du nouveau, "nous procéderons étape par étape selon la procédure de l'article 155 pour répondre à toutes les situations nouvelles". Catala a déploré, par ailleurs, "les violations graves" commises par le gouvernement catalan, qui ont forcé le gouvernement central à "agir pour rétablir le respect de la Constitution". Samedi dernier, l'exécutif espagnol a demandé à l'issue d'un Conseil extraordinaire des ministres la destitution du président catalan Carles Puigdemont et de ses ministres régionaux et la prise de control direct par les ministères espagnols du fonctionnement de la généralité pour une durée qui ne saurait dépasser les six mois avec comme but de convoquer des élections régionales en Catalogne. Le gouvernement de Rajoy a en outre demandé la limitation des compétences du parlement catalan en s'octroyant le pouvoir de le dissoudre. En cas de désobéissance, le gouvernement espagnol se garde cependant la possibilité de "nommer, destituer ou substituer toutes autorités, responsables publics et membres du personnel de l'administration", selon le texte soumis au sénat. Le président catalan Carles puigdemont a jusqu'à jeudi prochain pour se présenter devant le sénat pour expliquer sa position.