L'ancien Premier ministre français, Dominique de Villepin, est au centre de l'enquête sur les financements libyens de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, qui révèle l'arrivée sur son compte près d'un demi-million d'euros. Le 1er octobre 2009, l'ancien Premier ministre a reçu la somme de 489.143 euros provenant du compte suisse d'une société panaméenne, elle-même créditée peu avant de 10,1 millions d'euros par le Libyan African Investment Portfolio (LAP), un fonds souverain de la Libye, selon le journal électronique Médiapart. L'argent reçu par de Villepin provenait du même fonds qui alimentait l'ancien ministre et ancien secrétaire de l'Elysée Claude Guéant, qui était très proche de Nicolas Sarkozy. Devant les policiers de l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF) chargés de l'affaire libyenne, l'ancien Premier ministre avouait qu'il tombait des nues, mais voilà qu'une conversation téléphonique vienne le plomber, selon Médiapart, et dans laquelle il a demandé, en septembre 2016, à l'intermédiaire dans le cheminement des fonds libyens Alexandre Djouhri, qui ne met plus les pieds en France, de clarifier l'origine des fonds du virement reçu par sa société, Villepin International. Une note signée par le chef des services libyens, Moussa Koussa, au temps du dirigeant libyen Maamar El Gueddafi, faisait état, rappelle-t-on, d'un accord de principe pour verser 50 millions d'euros en soutien à la campagne de Nicolas Sarkozy, mais sur cette somme promise, 20 millions auraient été donnés directement à Boris Boillon, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, et à Claude Guéant en espèces. Par ailleurs, les prestations de Villepin International sont au cœur des interrogations des policiers chargés de l'enquête, selon Médiapart qui indiqué que l'argent libyen retrouvé est en effet venu payer une facture établie par Villepin à l'un de ses clients, le Saudi Bugshan Group (SGB). Le richissime saoudien, connu pour l'exclusivité qu'il détient en Arabie saoudite sur les parfums et cosmétiques de luxe, a déjà servi d'intermédiaire à la Société française d'exportation de systèmes d'armes (Sofresa), un office d'armement de l'Etat français rebaptisé ODAS, ainsi qu'à Safran ou Eurocopter en Arabie saoudite, rappelle le journal. Selon des archives saisies en Suisse, Dominique de Villepin a facturé 4,7 millions d'euros au groupe Bugshan, entre 2008 et 2010, pour des études ou des notes stratégiques , essentiellement sur des perspectives d'investissement dans certains pays (Bulgarie, Venezuela, Chine, Pérou, Turquie, Mexique, Iran). Ce même Khaled Bugshan avait envoyé, en mars 2015, 500.000 euros à Claude Guéant, un virement qui a permis à ce dernier d'acquérir un appartement à Paris. En novembre 2016, Le Monde, qui a eu accès aux enquêtes judiciaires, avait révélé qu'il existait un vaste système délictueux, impliquant de hautes personnalités liées à l'ancien président Nicolas Sarkozy, (dé)voué à sa protection. Ce réseau dé(voué) à l'ancien chef de l'Etat est composé de policiers ou de magistrats restés fidèles à (Sarkozy), mais aussi d'hommes d'affaires, d'intermédiaires, de diplomates et même des journalistes, avait précisé le journal. La vocation de l'équipe sarkoziste consiste à +déminer+ les affaires susceptibles d'embarrasser l'ancien président et parfois à piéger les adversaires politiques en les déstabilisant, avait précisé Le Monde, après trois ans et demi d'investigations sur le financement libyen de la campagne électorale de Sarkozy (2007).