L'annonce de l'inhumation, demain vendredi, du corps du moudjahid Hamou Amirouche, décédé récemment à l'âge de 81 ans à San Diégo (Etats-unis), a semé l'émoi à Bejaia, autant parmi ses frères d'armes durant la guerre de libération que parmi la communauté universitaire, envahis tous deux par un sentiment mélangé de tristesse et de bonheur : celui de l'adieu à un homme d'exception et celui de le voir enterré parmi les siens. Les deux communautés partagent en commun deux parties distinctes du destin de l'homme, qui s'était distingué par son parcours de combattant, d'une part, et d'universitaire, d'autre part, en participant à la victoire du pays contre le colonialisme, tout en cultivant son éveil intellectuel, en devenant professeur et chercheur, aux Etats-Unis, là où le mérite prend tout son sens. "Hamou Amirouche est un acharné, un homme de conviction, que rien ne pouvait décourager", dira de lui son compagnon d'arme, Djoudi Attoumi, ancien officier de l'ALN avec qui il a partagé jeunesse et fougue, un an durant dans la région de l'Akfadou, aux côtés du colonel Amirouche Ait-Hamouda. "Il était arrivé au PC de la Wilaya III historique très jeune, avec l'intime conviction de se sacrifier. Il était pétri de patriotisme", se souvient encore M. Attoumi, visiblement effondré par sa disparition et ne tarissant pas d'éloges sur "sa curiosité et sa soif de connaissance", qui l'ont conduit d'abord à Tunis en plein guerre, à y poursuivre ses études secondaires, puis au lendemain de l'indépendance au Colorado (Etats-Unis) où il a décroché une licence en économie politique puis un DEA en sociologie avant d'entamer une carrière d'enseignant et de chercheur à San-Diego. Belle revanche pour ce fils de forgeron qui n'a pas pu suivre tranquillement son cursus scolaire, à cause du harcèlement dont son père, militant PPA/MTLD de la première heure, et lui ont été l'objet et qui ont valu la prison à l'un et le décrochage à l'autre malgré sa réussite à l'examen d'entrée en 6ème et sa fréquentation du collège technique de Bougie (Bejaia) dont il a quitté les bancs avec le déclenchement de la Révolution, le 1er novembre 1954. Aussi, c'est tout naturellement, se remémore encore, M. Attoumi, que Hamou, né en 1937 à Tazmalt (Bejaia), 19 ans non encore révolus, a naturellement adhéré à l'appel du FLN, exhortant les étudiants à rejoindre les maquis en main 1956. "Et rapidement, il en est devenu un acteur déterminant et a intégré les rangs de l'ALN sans l'épreuve habituelle exigée des candidats aux maquis. Il avait lui même droit à une arme, une mitraillette allemande de type PM 42, tant il était engagé, enthousiaste et digne de confiance". Repéré par le commandement de la Wilaya III, il a fini par devenir, une année durant (1957-1958), le secrétaire particulier du colonel Amirouche, lequel, en guise de récompense, l'a dépêché sur Tunis pour encadrer la communauté étudiante en place et y poursuivre ses études. Un parcours, en somme, fait de sacrifices et d'engagement, mais qui paraissait aux yeux de l'homme, comme autant de gestes naturels et modeste. Il aimait en répétait la substance à chacune de ses conférence sur l'Algérien, paraphrasant notamment une citation connue de Mohamed Lamine Débaghine, l'autre héros de la Révolution : "Nous n'avons rien fait. La preuve on est encore vivant".