Hamou Amirouche était le secrétaire particulier de son illustre aîné, le colonel Amirouche, lequel, en guise de récompense, l'a dépêché à Tunis pour encadrer la communauté estudiantine en place et y poursuivre ses études. Hamou Amirouche rentre chez lui....! Le corps du moudjahid Hamou Amirouche, décédé récemment à l'âge de 81 ans a été inhumé, hier, sur cette terre pour laquelle il a combattu. C'est dans son village natal, à Tazmalt, que Hamou, l'autre Amirouche a été enterré. Le soleil était de retour pour les adieux à ce moudjahid d'exception au parcours pas comme les autres. Il a été accompagné à sa dernière demeure par une foule très nombreuse estimée à plus de 3000 personnes. En plus de ses proches, étaient également présents ses frères d'armes mais aussi des personnalités du monde universitaire, littéraire et politique. Il y avait aussi des citoyens anonymes, de diverses wilayas du pays, venus dire un dernier adieu à «Dda Hamou», comme ils le nomment affectueusement. L'émoi était ressenti autant parmi ses frères d'armes durant la guerre de libération que parmi la communauté universitaire, envahis tous deux par un sentiment mêlé de tristesse et de bonheur, celui de l'adieu à un homme d'exception et celui de le voir enterré parmi les siens. Les deux communautés partagent en commun deux parties distinctes du destin de l'homme, qui s'était distingué par son parcours de combattant, d'une part, et d'universitaire, d'autre part, en participant à la victoire du pays contre le colonialisme, tout en cultivant son éveil intellectuel, en devenant professeur et chercheur, aux Etats-unis, là où le mérite prend tout son sens. «Hamou Amirouche est un acharné, un homme de conviction, que rien ne pouvait décourager», dira de lui son compagnon d'armes, Djoudi Attoumi, ancien officier de l'ALN avec qui il a partagé jeunesse et fougue, un an durant, dans la région de l'Akfadou, aux côtés du colonel Amirouche Aït-Hamouda. «Il était arrivé au PC de la Wilaya III historique très jeune, avec l'intime conviction de se sacrifier. Il était pétri de patriotisme», se souvient encore Attoumi, visiblement effondré par sa disparition et ne tarissant pas d'éloges sur «sa curiosité et sa soif de connaissances», qui l'ont conduit d'abord à Tunis en pleine guerre, à y poursuivre ses études secondaires, puis au lendemain de l'indépendance, au Colorado (Etats-Unis) où il a décroché une licence en économie politique puis un DEA en sociologie avant d'entamer une carrière d'enseignant et de chercheur à San Diego. Belle revanche pour ce fils de forgeron qui n'a pas pu suivre tranquillement son cursus, à cause du harcèlement dont son père, militant PPA/Mtld de la première heure, et lui ont été l'objet et qui ont valu la prison à l'un et le décrochage à l'autre, malgré sa réussite à l'examen d'entrée en 6ème et sa fréquentation du collège technique de Béjaïa dont il a quitté les bancs avec le déclenchement de la Révolution, le 1er Novembre 1954. Aussi, c'est tout naturellement, se remémore encore, Attoumi, que Hamou, né en 1937 à Tazmalt (Béjaïa), 19 ans non encore révolus, a naturellement adhéré à l'appel du FLN, exhortant les étudiants à rejoindre les maquis en mai 1956. «Et rapidement, il en est devenu un acteur déterminant et a intégré les rangs de l'ALN sans l'épreuve habituelle exigée des candidats aux maquis. Il avait lui- même droit à une arme, une mitraillette allemande de type PM 42, tant il était engagé, enthousiaste et digne de confiance». Repéré par le Commandement de la wilaya III, il a fini par devenir, une année durant (1957-1958), le secrétaire particulier du colonel Amirouche lequel, en guise de récompense, l'a dépêché à Tunis pour encadrer la communauté estudiantine en place et y poursuivre ses études. Après la révolution, il occupa le poste de chef de cabinet du ministre de l'Industrie et de l'Energie de 1967 à 1974, puis celui de P-DG d'une société mixte algéro-anglaise, Sewris, de 1974 à 1978. Un parcours, en somme, fait de sacrifices et d'engagement, mais qui paraissait, aux yeux de l'homme, comme autant de gestes naturels et modestes. Il aimait en répéter la substance à chacune de ses conférences sur l'Algérien, paraphrasant notamment une citation connue de Mohamed Lamine Debaghine, l'autre héros de la révolution: «Nous n'avons rien fait. La preuve on est encore vivant.»