L'ancien président français Nicolas Sarkozy, sous contrôle judiciaire dans l'affaire du financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007, a montré des "signes de faiblesses" devant les policiers qui l'interrogeaient lors de sa garde à vue mardi et mercredi passés. Selon le contenu des auditions, révélé par le journal électronique Médiapart, l'ex-président "y apparaît acculé, se défaussant sur ses proches, Claude Guéant et Brice Hortefeux". Face aux enquêteurs de l'Office anticorruption (OCLCIFF), lors des six interrogatoires qu'il a subies en garde à vue mardi et mercredi, Nicolas Sarkozy "a montré des signes de faiblesse patents", ont indiqué les deux journalistes Fabrice Arfi et Karl Laske, qui ont enquêté sur l'affaire depuis sept ans. L'ex-président a été mis en examen, à l'issue de sa garde à vue, pour les chefs d'inculpation de "corruption passive", "financement illicite de campagne électorale" et "recel de détournements de fonds publics libyens", rappelle-t-on. Placé sous contrôle judiciaire, il lui est interdit d'entrer en contact avec Claude Guéant (ancien SG de la présidence française), Ziad Takieddine (homme d'affaires franco-libanais qui a servi d'intermédiaire), Alexandre Djouhri (homme d'affaires franco-algérien qui a servi d'intermédiaire), Bachir Saleh (ancien directeur de cabinet de Kadhafi), Moussa Koussa (l'ancien chef des services secrets extérieurs libyens), Brice Hortefeux (ancien ministre), Bernard Squarcini (ex-chef des services secrets intérieurs), Cécilia Ciganer-Attias (son ex-épouse jusqu'à fin 2007), Boris Boillon (diplomate), Dominique de Villepin (ex-Premier ministre) ou Michel Scarbonchi (ex-eurodéputé. Il lui est également interdit de se rendre au Qatar, en Afrique du Sud, aux Emirats arabes unis, en Tunisie, en Egypte et en Libye. Selon Médiapart, Nicolas Sarkozy a laissé transparaître, durant ses auditions, "un embarras certain face aux questions précises et circonstanciées qui lui étaient opposées", lui relevant "une histoire de perte de mémoire récurrente sur un certain nombre de points précis du dossier", alors que l'enquête a identifié qu'un virement de 2 millions d'euros a bien été adressé le 21 novembre 2006 depuis un compte de la Libyan Foreign bank, crédité sur le compte d'une société offshore, la société Rossfield Trading Limited dont le bénéficiaire économique était Ziad Takieddine. L'enquête en France, rappelle-t-on, a été confiée à plusieurs juges d'instruction du pôle financier de Paris, dont le juge Serge Tournaire qui a déjà renvoyé Sarkozy devant le tribunal pour l'affaire Bygmalion, une autre affaire politico-financière française. Des informations publiées par Médiapart avaient fait état, sur la base du journal personnel de l'ancien Premier ministre libyen, Choukri Ghanem, retrouvé noyé à Vienne, dans lequel ce dernier parle d'une somme de 1,5 million d'euros à Sarkozy et d'une autre envoyée par Saïf el-Islam, fils de Kadhafi, de 3 millions d'euros. Le beau-frère de Kadhafi, Abdellah Senoussi a également envoyé à Sarkozy 2 millions d'euros. Ziad Takieddine et Alexandre Djouhri étaient chargés d'acheminer ces sommes pour les remettre à destination. Une note signée par le chef des services libyens, Moussa Koussa, faisait état d'un accord de principe pour verser 50 millions d'euros en soutien à la campagne de Nicolas Sarkozy, mais sur cette somme promise, selon les auteurs de l'ouvrage "Avec les compliments du Guide", (Fayard, 2017), 20 millions auraient été donnés directement à Boris Boillon et à Claude Guéant en espèces, citant un ancien cadre libyen qui a témoigné devant la police.