Le double veto opposé aux deux projets de résolutions sur la Syrie présentés successivement par la Russie et les Etats-Unis après l'attaque chimique présumée à Douma, a montré les divergences au sein du Conseil de sécurité de l'ONU sur la crise syrienne, alors que l'Occident maintient ses menaces d'actions contre Damas malgré les mises en garde contre toute escalade pouvant "déstabiliser" toute la région. Faisant suite aux débats engagés autour d'une présumée attaque chimique à Douma dans la Ghouta orientale, un double véto sur un texte russe et un texte américain a empêché la création, d'une part, d'un nouveau mécanisme d'enquête, demandé par les américains, sur le recours supposé aux armes chimiques en Syrie ainsi que sur l'ouverture, telle que demandé par les Russes, d'une enquête indépendante, d'autre part. L'ONU n'a plus de mécanisme de ce genre depuis la disparition fin 2017 du JIM, un groupe ONU-OIAC (Organisation pour l'interdiction des armes chimiques) dont le mandat n'a pas été renouvelé. Conséquence: la confrontation entre les Etats-Unis et la Russie sur le dossier syrien s'est durcie, au moment où le président américain, Donald Trump, et son homologue français, Emmanuel Macron, ont réaffirmé leur souhait d'"une réaction ferme de la communauté internationale face à ces nouvelles atteintes à l'interdiction des armes chimiques". A plusieurs reprises, le gouvernement syrien et ses alliés ont estimé qu'il était "absurde" de recourir à des armes chimiques alors que sur le terrain, leurs forces sont victorieuses et contrôlaient déjà 95% de la Ghouta. "L'armée, qui progresse rapidement et avec détermination, n'a pas besoin d'utiliser une quelconque substance chimique", avait rapporté l'agence Sana. Téhéran avait partagé une analyse similaire: "l'armée syrienne a le dessus sur le terrain face aux terroristes armés, l'utilisation d'armes chimiques ne serait pas rationnelle de sa part". En avril 2017, Donald Trump avait ordonné le lancement de missiles Tomahawk contre une base aérienne syrienne, au lendemain d'une attaque au gaz sarin, imputée au gouvernement syrien, et qui avait tué plus de 80 personnes à Khan Cheikhoun (nord-ouest).