De nombreuses écoles en Cisjordanie ont été démolies par l'armée d'occupation israélienne rendant ainsi l'accès à l'éducation plus difficile voire impossible pour des milliers d'enfants palestiniens, a déclaré l'ONG Human Rights Watch (HRW). Le 25 avril, le projet de démolition par l'armée israélienne d'une école pour Palestiniens de Khan al-Ahmar Ab al-Hilu, s'ajoute à quelque 44 écoles palestiniennes soumises au risque d'être totalement ou partiellement démolies sous prétexte qu'elles ont été construites "illégalement". L'armée israélienne refuse d'approuver la plupart des demandes de permis de construction soumises par des Palestiniens dans la partie de la Cisjordanie qu'elle occupe - soit 60% du territoire- tout en facilitant la construction de colonies israéliennes. "L'occupant a renforcé ce système discriminatoire en rasant des milliers de propriétés palestiniennes, y compris des écoles", souligne l'ONG. "Cela fait des années que les autorités israéliennes démolissent des écoles primaires et maternelles appartenant aux Palestiniens sans en subir la moindre conséquence", a déclaré Bill Van Esveld, chercheur senior auprès de la division Droits des enfants à Human Rights Watch. "Le système selon lequel l'armée israélienne refuse de délivrer des permis de construire, puis démolit des écoles construites sans permis, est discriminatoire et viole le droit des enfants à l'éducation", a-t-il ajouté. Les autorités d'occupation israéliennes ont démoli des bâtiments scolaires palestiniens en Cisjordanie, ou confisqué des propriétés connexes à au moins 16 reprises depuis 2010, y compris 12 incidents depuis 2016, selon Human Rights Watch. Plus d'un tiers de la population palestinienne de la partie de la Cisjordanie contrôlée par l'armée israélienne en vertu des accords d'Oslo de 1993, appelée aussi (zone C)- ne disposent pas d'écoles primaires, et environ 10 000 enfants y suivent des cours dans des tentes ou dans d'autres structures parfois dépourvues de chauffage ou de climatisation, selon l'ONU. La destruction par Israël d'écoles palestiniennes, sans qu'elles soient ensuite remplacées par d'autres institutions scolaires, viole son obligation, en tant que puissance occupante, de faciliter "le bon fonctionnement des établissements consacrés aux soins et à l'éducation des enfants" et de "ne pas entraver" les activités de tels établissements. La Quatrième Convention de Genève interdit la destruction par la puissance occupante de biens mobiliers ou immobiliers, sauf dans les cas où ces destructions seraient "absolument nécessaires". Des pratiques pouvant constituer un crime de guerre Selon le Statut de Rome de la Cour pénale internationale, "la destruction et l'appropriation de biens, non justifiées par des nécessités militaires et menées à grande échelle de manière arbitraire, sont susceptibles de constituer un crime de guerre". Parmi les autres violations graves des lois de la guerre figure aussi le "transfert, direct ou indirect" par une puissance occupante d'une partie de la population civile vers une autre partie du territoire. Les Etats parties aux Conventions de Genève sont tenues de "respecter et de faire respecter" ces conventions en toutes circonstances, notamment dans le cas d'"infractions graves", quel que soit le pays dans lequel elles sont commises. Le Bureau du Procureur de la Cour pénale internationale devrait aussi inclure la question des démolitions d'écoles dans son examen préliminaire au sujet de la situation en Palestine. L'Union européenne ou ses Etats membres ont soutenu financièrement 21 des 36 écoles de la zone C de Cisjordanie qui risquent d'être démolies, les autres écoles exposées à ce risque sont situées à El Qods-Est. Des centaines de structures démolies par Israël ont été financées par des donateurs étrangers, dont 400 établissements financés par des bailleurs de fonds européens. Selon le Comité des droits de l'enfant de l'ONU, Israël a l'obligation de respecter et d'appliquer en Palestine la Convention relative aux droits de l'enfant, y compris en ce qui concerne l'accès à l'enseignement primaire et secondaire. En 2013, à l'issue de son dernier examen de la conformité d'Israël à cette convention, le Comité a appelé Israël à "déclarer immédiatement un moratoire" sur la destruction des écoles en Palestine.