Au total 109 personnes, sur les 283 interpellées, ont été placées en garde à vue suite aux violences déclenchées mardi par des casseurs en marge de la manifestation du 1er mai à Paris, mais le gouvernement français n'a pas échappé aux vives critiques de la classe politique et de la presse. Selon la préfecture de police, environ 1200 "black blocs", des groupes d'individus organisés, masqués et formés de libertaires et d'anarchistes, ont jeté des projectiles sur les forces de l'ordre et causé des dégradations. Ils ont perturbé le défilé parisien des syndicats à l'occasion de la fête internationale du travail, suscitant ainsi de vives critiques politiques. Mercredi, le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, a promis "encore plus de forces de l'ordre" lors des prochaines manifestations, tentant ainsi une opération de déminage pour atténuer les critiques qui ont fusé de toute part, mettant à mal l'autorité de l'Etat français, en l'absence du président Emmanuel Macron qui se trouve en Australie pour une visite. "Vous avez une partie de la classe politique qui appelle à faire la +fête à Macron+, certains le prennent au pied de la lettre", a indiqué le ministre de l'Intérieur, avertissant sur le "verbe qu'on emploie" car, a-t-il expliqué, "un certain nombre de jeunes peuvent y être sensibles". L'un des organisateurs de la manifestation de Paris, le secrétaire général de la Confédération générale du travail (CGT), Philippe Martinez, a critiqué la gestion des débordements par les autorités, tout en "condamnant" les violences. "J'ai vécu des choses scandaleuses, le fait d'être bloqué sur ce pont" d'Austerlitz (Pairs), a-t-il dit. La classe politique a vivement réagi suite à ces violences n'épargnant pas le gouvernement. Marine Le Pen (Front national) a demandé la dissolution des groupuscules d'extrême gauche, alors que Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) a dénoncé d'"insupportables violences", "sans doute" œuvre "des bandes d'extrême droite" et Philippe Poutou (Nouveau parti anticapitaliste) a estimé que "les vrais casseurs ce sont le gouvernement et le patronat". Le chef de file du parti Les Républicains (LR, droite), Laurent Wauquiez, a souligné pour sa part la "faillite de l'Etat républicain", regrettant les "terribles images pour notre pays". La presse paraissant mercredi n'a pas ménagé le gouvernement s'interrogeant s'il est "imperturbable ou impassible". Le Figaro a déploré que "l'autorité de l'Etat, réduite à des communiqués de ‘ferme condamnation', a été bafouée. Une fois de plus", alors qu'il "devait sortir gagnant d'un bras de fer avec des syndicats n'ayant pas réussi à donner l'ampleur qu'ils espéraient à la mobilisation sociale". L'Est Républicain a estimé quant à lui que "la vision de ces 1.200 casseurs vêtus de noir sur le pont d'Austerlitz (...) est un sacré défi à l'Etat républicain que veut incarner Emmanuel Macron", soulignant que "gouverner, c'est prévoir". Pour le Journal de la Haute-Marne, le gouvernement "est responsable du maintien de l'ordre. Or il y a eu défaillance. Grave", alors que La Montagne Centre France a écrit que "l'absence du président de la République, pendant une semaine qui s'annonçait animée avec le 1er mai, le mouvement des cheminots, la marche anti-Macron, montre le caractère imperturbable de l'exécutif". La France connait depuis quelques semaines une tension sociale, protestations et grèves, expression d'une contestation des réformes voulues par le président Macron et engagées par le gouvernement.