L'Italie faisait face lundi à une crise politique sans précédent ouvrant la voie à l'organisation de nouvelles élections, suite à la démission du président du Conseil désigné, Guiseppe Conte, ayant renoncé la veille à former un nouvel exécutif devant le refus du chef de l'Etat d'accepter la nomination du ministre de l'Economie et des Finances considéré comme un "anti-euro". Le président Sergio Mattarella, qui avait expliqué la veille les raisons de son refus de nommer Paolo Savona pour éviter un "message d'alarme" en direction des opérateurs économiques et financiers, a désigné lundi, Carlo Cottarelli, économiste et ancien fonctionnaire du Fonds monétaire international (FMI), comme chef de gouvernement de transition vers de nouvelles élections. M. Cottarelli, âgé de 64 ans, connu pour son rôle dans la réduction des dépenses publiques et la politique d'austérité, assume jusque-là la fonction de directeur de l'Observatoire des comptes publics se trouvant à Milan. Sitôt nommé, Carlo Cottarelli a assuré que des élections anticipées auront lieu, au plus tard "début 2019", mais sans doute à l'automne. "Je me présenterai au Parlement avec un programme qui, si j'obtiens la confiance, inclura le vote du budget 2019. Ensuite, le Parlement sera dissous, avec des élections début 2019", mais sans la confiance, les élections se dérouleront "après le mois d'août", a-t-il à l'issue de son entretien avec M. Mattarella. "Si je n'obtiens pas la confiance, le gouvernement démissionnera immédiatement et sa mission principale sera de gérer les affaires courantes et d'accompagner le pays vers des élections après le mois d'août", a-t-il également précisé, soulignant que "le gouvernement resterait neutre" et qu'il ne sera pas candidat aux prochaines élections. M. Cottarelli a promis de présenter son équipe gouvernementale "résolument européenne" et "très rapidement", se montrant rassurant quant à la situation des comptes publics qui sont, a-t-il ajouté, actuellement "sous contrôle". Le vote de confiance du parlement incertain Dimanche, Giuseppe Conte, désigné à la tête du gouvernement par les chefs du Mouvement 5 Etoiles, Luigi Di Maio et de la Ligue, Matteo Salvini, avait jeté l'éponge face au veto de M. Mattarella sur la nomination du ministre des Finances, présenté comme un "anti-euro". Les deux alliés politiques avaient refusé de leur côté de céder devant la décision du chef de l'Etat, estimant que "Paolo Savona est un économiste d'expérience en mesure de défendre les intérêts de l'Italie à Bruxelles". La fermeté du président a aussitôt déchaîné la colère des dirigeants des deux formations politiques italiennes qui avaient noué une alliance. "Disons-le clairement qu'il est inutile d'aller voter, puisque les gouvernements ce sont les agences de notation, les lobbies financiers et bancaires qui les font. Toujours les mêmes", a critiqué ouvertement le chef du Mouvement 5 Etoiles M. Di Maio. De son côté, le leader de la Ligue, M. Salvini a estimé que "l'Italie n'est pas un pays libre, c'est un pays occupé financièrement par les Allemands, les Français et les bureaucrates de Bruxelles". Pour le président de la République italienne, sa décision est irrévocable car, a-t-il expliqué, "la désignation du ministre de l'Economie et des Finances constitue toujours un message immédiat de confiance ou d'alarme pour les opérateurs économiques et financiers". Avec la désignation de l'ancien fonctionnaire du FMI à la tête du gouvernement, des observateurs de la scène politique italienne n'écartent pas une opposition de la classe politique, notamment celle issue du Mouvement 5 Etoiles et de la Ligue, et qui sont d'ailleurs majoritaires au Parlement. Il se trouve aussi que l'avenir de la vie politique italienne et de ces prochaines élections est lié à la position de l'ex-président du Conseil italien, Silvio Berlusconi, chef de Forza Italia, tout comme le Parti démocrate qui se sont rangés du côté du président M. Mattarella. "Si Berlusconi vote la confiance à Cottarelli au parlement, l'alliance avec le Mouvement 5 Etoiles est rompue", a prévenu M. Salvini ce lundi. Dans tous les cas de figures, en cas où le nouveau chef du gouvernement ne parviendra pas à arracher le soutien du parlement, il sera amené à gérer seulement les affaires courantes, en attendant l'organisation de nouvelles élections. C'est le président de la République qui fixera la date de celles-ci en accord avec les principaux responsables politiques et les présidents des deux chambres du Parlement. Réagissant à cette crise politique inédite, plusieurs responsables de l'Union européenne ont appelé lundi à la mise en place d'un gouvernement "stable et pro-européen" en Italie.