Le mathématicien et député français, Cédric Villani, a réitéré lundi son appel au président Emmanuel Macron en faveur d'un dernier pas dans la reconnaissance officielle de la France de l'assassinat par l'armée du militant pour la cause algérienne Maurice Audin, 61 ans après sa disparition. "Les appels se sont multipliés û encore tout récemment par une pétition que j'ai cosignée dans l'Humanité û pour qu'un dernier pas soit franchi afin que cette reconnaissance faite à titre personnel devienne enfin une reconnaissance officielle, historique. La famille attend depuis si longtemps", a écrit dans une tribune publiée lundi sur le site The Conversation, un média indépendant, basé sur du contenu provenant de la communauté universitaire. Pour ce député de La République en marche (LREM, fondé par Emmanuel Macron), "l'idée faisait son chemin que l'Etat français devait évoluer sur cette question pour participer au travail de réconciliation de sa mémoire et pour contribuer à assainir les relations entre France et Algérie", rappelant que l'ex-président François Hollande avait admis, pour la première fois, que Maurice Audin était mort en détention en donnant instruction au ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, de rendre accessibles toutes les archives classifiées en la matière. "Un grand pas certes, mais un progrès incomplet ! Il faut dire que les plaies de la guerre d'Algérie sont encore si vives pour notre nation, et si mal refermées, que chaque pas est complexe et peut donner lieu à polémique", a-t-il jugé, indiquant que l'engagement du président Macron dans le dossier algérien "laissait espérer que l'Etat puisse aller plus loin et enfin reconnaître sa responsabilité dans ce qu'il faut bien appeler l'assassinat de Maurice Audin". Cédric Villani a rappelé dans ce contexte qu'en janvier dernier, à l'occasion d'une cérémonie en l'honneur de Gérard Tronel (mathématicien), il recevait du chef de l'Etat "la mission de faire part de sa conviction personnelle qu'il s'agissait effectivement d'un assassinat". Sur la question de l'histoire commune entre la France et l'Algérie, le député a relevé que le travail de mémoire "n'est toujours pas abouti". "Plein de non-dits en France, le débat est au contraire presque omniprésent en Algérie", a-t-il dit, estimant que les deux destins sont liés "pour notre bénéfice mutuel". "Et sans doute la mise au clair de l'affaire Audin fait-elle partie des obstacles à franchir pour permettre cette bonne coopération", a-t-il ajouté. Le 31 mai, plus d'une cinquantaine de personnalités, historiens, politiques, juristes, journalistes et cinéastes, ont demandé au président Macron de reconnaître la responsabilité de l'Etat français dans l'assassinat par l'armée française de Maurice Audin. "Le 11 juin 1957, pendant la bataille d'Alger, Maurice Audin, mathématicien communiste de 25 ans, était arrêté par les parachutistes du général Massu devant sa famille, avant d'être torturé. Le jeune assistant à la faculté d'Alger n'en est jamais revenu, et l'armée française a fait disparaître son corps", ont rappelé les signataires du lettre ouverte adressée au président Macron, soulignant que tous ceux qui ont travaillé sur cette "affaire" ont établi que Maurice Audin avait été torturé et assassiné par l'armée française, agissant dans le cadre des pouvoirs spéciaux votés par le pouvoir politique.