Deux ONG française et suisse activant dans la promotion et la défense des droits de l'Homme viennent de déposer une nouvelle plainte devant l'Onu pour violation des droits de l'Homme à l'égard des prisonniers politiques sahraouis, a-t-on appris mercredi auprès de l'une de ces ONG. "Parce qu'il persiste à dénoncer les violations dont ses codétenus sahraouis et lui font l'objet, Naâma Asfari est sans cesse victime de représailles du gouvernement marocain. En réaction, l'Action des chrétiens pour l'abolition de la torture (ACAT) et le Service international des droits de l'homme (ISHR) saisissent une nouvelle fois les instances des Nations Unies afin qu'elles interpellent le Maroc", a indiqué un communiqué de l'ACAT. Naâma Asfari, militant sahraoui des droits de l'Homme, rappelle-t-on, détenu depuis novembre 2010, a été condamné à 20 ans d'emprisonnement sur la base d'aveux signés sous la torture pour sa participation au camp de protestation du camp sahraoui de Gdeim Izik. Son épouse, Claude Mangin-Asfari, a été interdite par les autorités marocaines de rendre visite à son mari, malgré une grève de la faim d'un mois et des promesses de la part des autorités françaises. Le 13 février 2018, la cellule du militant sahraoui a été vidée et fouillée et ses effets personnels ont été piétinés par les gardiens, rapporte l'ACAT qui considère que cette fouille "humiliante" constitue "une violation des règles minimales des Nations Unies pour le traitement des prisonniers". Une fois la période d'isolement écoulée, Naâma Asfari a été transféré dans une prison située à Kenitra, à plus de 1200 km de sa famille, qui vit dans les territoires occupés du Sahara occidental, a ajouté l'association qui estime que ces représailles "visent à le punir d'avoir porté plainte auprès du Comité onusien contre la torture (CAT) et de persister à dénoncer les violations dont ses codétenus sahraouis et lui font l'objet". En décembre 2016, le CAT avait condamné le Maroc pour de multiples violations de la Convention contre la torture: torture pendant l'arrestation, l'interrogatoire et la détention de Naâma Asfari, absence d'enquête sur les allégations de torture répétées, violation de l'obligation de garantir le droit de porter plainte à travers des représailles contre la victime et l'un de ses avocats, violation de l'obligation d'indemnisation et réparation, prise en compte d'aveux signés sous la torture et mauvais traitements en détention. Dans ce cadre, les deux ONG ont décidé de saisir pour la deuxième fois le CAT et le SG-adjoint des Nations unies chargé des représailles "afin qu'ils interpellent le Maroc et condamnent les pressions exercées contre Naâma".