Depuis l'intensification début novembre courant de l'offensive pour reprendre la ville portuaire stratégique de Hodeida aux mouvement Ansarallah (Houthis), d'intenses bombardements de la coalition menée par Ryadh en soutien aux forces du président Abd Rabbo Mansour Hadi ont provoqué de vives inquiétudes d'ONG sur le sort des civils dans la ville et concernant l'acheminement de l'aide humanitaire dans le reste du pays. Hodeida, grande ville de la côte occidentale du Yémen sur la mer Rouge, aux mains des Houthis depuis 2014, est en effet le point d'entrée des trois quarts des importations et de l'aide humanitaire internationale dans le pays en guerre, menacé par la famine qui touche environ la moitié de la population. Lundi, le Secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a mis en garde contre une éventuelle destruction du port yémenite où se déroulent des combats meurtriers, réitérant ses appels au cessez-le-feu. "Si à Hodeida, il y a une destruction du port, ça peut engendrer une situation absolument catastrophique", dans ce pays où en dépit de tous les efforts, la crise humanitaire demeure "sévère", a-t-il alerté s'exprimant en marge des cérémonies de commémoration du centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale à Paris. Ces combats particulièrement meurtriers font donc rage dans cette ville de l'ouest du Yémen, au moment où Washington, Londres et l'ONU font pression sur l'Arabie saoudite pour que la coalition qu'elle commande dans ce pays cesse les hostilités. "Combats de rue" à Hodeida De violents combats opposaient samedi, les forces loyalistes aux Houthis près d'une route principale reliant Hodeida à la capitale Sanaa, au lendemain de la reprise par les forces gouvernementales yéménites du plus grand hôpital de cette ville portuaire de l'ouest du Yémen aux mains des Houthis. Alors que fusent de toutes parts des critiques sur les raids aériens meurtriers de la coalition menée par Ryadh contre les éléments du mouvement armé "Ansarullah" (Houthis), Washington a confirmé samedi que Ryadh utiliserait désormais ses "capacités propres" pour effectuer les ravitaillements en vol en soutien de ses opérations, assurés jusqu'à présent par les Américains. Selon un responsable, les affrontements prennent désormais la forme de "combats de rue", alors que "pleuvent des obus de mortier tirés par les Houthis". Les forces loyalistes tentent de chasser les Houthis depuis juin dernier de vastes régions conquises dans le nord et le centre du pays dont la capitale Sanaa. Ce Bureau a apporté de l'aide à près de 71.000 familles entre le 22 octobre écoulé au 6 novembre courant. Mardi, le Fonds de l'ONU pour l'enfance (Unicef), a alerté sur la vie de 59 enfants hospitalisés à Hodeida menacée par les combats entre éléments houthis et forces gouvernementales dans cette ville. En outre, parmi les 400.000 enfants du Yémen qui souffrent de malnutrition sévère, 40% viennent de Hodeida et des régions voisines. Pour sa part, la Commission européenne a annoncé dans un communiqué avoir alloué une aide humanitaire supplémentaire de 90 millions d'euros en faveur des civils au Yémen. Mercredi, la porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) dans ce pays, Mirella Hodeib, s'est pour sa part inquiétée du sort "des civils et des infrastructures civiles à Hodeida", citant en particulier l'hôpital Al-Thawra, "l'un des plus grands de la ville", très proche de la "ligne de front". Parallèlement, 35 ONG yéménites et internationales qui estiment qu'il est "urgent d'agir", ont rappelé dans un communiqué que "tout fournisseur d'armes à la coalition dirigée par l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis a la responsabilité morale et juridique de veiller à ce que la coalition respecte le droit international humanitaire au Yémen". Depuis 2015, la guerre au Yémen a fait quelque 10.000 morts et provoqué, selon l'ONU, la pire crise humanitaire au monde, en plus des près de 18 millions de personnes qui ont besoin d'une aide alimentaire urgente.