Assurant la prise en charge des patients qui viennent de 20 wilayas de l'Est et du Sud du pays, le service de radiothérapie du Centre anti-cancer (CAC) de Batna connait une pression de plus en plus forte. Pas moins de 150 malades en moyenne parfois même 180 sont pris en charge quotidiennement, a assuré le chef du service Pr. Kamel Hamizi qui souligne la spécificité du traitement effectué en plusieurs doses réparties sur 25 à 35 séances de 12 à 15 minutes chacune. "Le tiers des malades pris en charge souffrent du cancer du sein même si la priorité est accordée aux patients atteints de tumeurs internes de la prostate, de l'utérus ou du cerveau pour lesquels la radiothérapie est un traitement préliminaire précédent la chirurgie", a-t-il précisé. "Excepté pour le cancer du sein dont la durée d'attente peut aller jusqu'à 45 voire même 60 jours le traitement étant considéré préventif, les efforts sont déployés pour rapprocher les rendez-vous des séances, face à l'actuelle pression sur les services de radiothérapie du pays et en attendant l'ouverture des nouveaux centres anti-cancer en cours de réalisation", a relevé le même praticien. L'équipe de radiothérapie compte seulement cinq physiciens pour assurer le fonctionnement des trois accélérateurs de particules, la détermination du plan de traitement pour chaque malade et la dosimétrie ainsi que la maintenance, a noté Pr. Hamizi , précisant que "le déficit en techniciens en physique représente un problème posé à l'échelle nationale". Même si le problème de manque de personnel est quelque peu pallié par le recours aux heures supplémentaire, la plus grande crainte est "de voir tomber en panne un des accélérateur surtout qu'il est impératif de continuer la séance entamée pour chaque patient", a souligné encore le même spécialiste. Les malades et leurs proches préfèrent ne pas révéler leur identité Bien que la salle d'attente soit presque archicomble, malades et leurs parents venus de plusieurs wilayas comme le révèlent les plaques d'immatriculation de véhicules parqués à l'entrée du CAC, l'APS a trouvé de grandes difficultés à obtenir l'avis des présents sur les soins et services prodigués par le centre. Accompagné de son père atteint d'une tumeur interne, Nasredine Benbrahim, cadre de Batna, a fait l'exception en acceptant de parler. D'emblée, il a déclaré qu'il avait déjà eu à venir au CAC en compagnie de sa mère qui souffrait d'une tumeur ayant fait l'objet d'ablation et qui se trouve actuellement dans "un état stable". Trois semaines après le dépôt de son dossier, il a été informé par téléphone de ramener son père pour débuter les séances de radiothérapie. "En réalité, nous n'avons eu aucune difficulté ni pendant l'accueil ni durant la prise en charge que ce soit avec ma mère ou maintenant avec mon père", dit-t-il. Pour certains autres accompagnateurs de malade ayant refusé de révéler leurs identités et d'entrer dans le détail, "le plus important est que le patient reçoit le traitement dans les délais fixés", surtout après l'ouverture à Batna de deux maisons pour l'accueil gratuitement des malades et leurs proches résidant à l'extérieur de la wilaya. Renforcement prochain du service de radiothérapie par de nouveaux équipements Le directeur du CAC, Aïssa Madhoui, a fait savoir que le prochain renforcement du service de radiothérapie par des équipements nouveaux et de pointe qui permettront l'amélioration de la prise en charge des malades et une plus haute précision dans le traitement des tumeurs notamment du larynx et de la prostate. "Ces équipements dont le dossier est déjà au niveau du ministère de tutelle seront acquis courant 2019", a-t-il indiqué. Ce service a reçu l'année passée 1.800 patients des wilayas de l'Est et du Sud-est, a ajouté le responsable du CAC. Depuis l'ouverture du CAC en 2014, 7.000 patients d'une vingtaine de wilayas ont été pris en charge par les divers services de chimiothérapie, de radiothérapie, d'hématologie, de chirurgie et de radiologie dont 5.003 continuent encore de se faire traiter ou suivre au centre, a ajouté la même source. D'une capacité de 240 lits, le CAC Batna est depuis début 2018 le troisième établissement au pays à effectuer des greffes de foie et d'autogreffe de cellules souches hématopoïétiques sous la direction du Pr. Mahdia Saïdi. L'établissement ambitionne de se lancer "au cours du premier semestre 2019" dans les greffes de moelle osseuse ouvrant ainsi de nouvelles perspectives pour les cancéreux.