La croissance mondiale est restée "vigoureuse" en 2018 (+3,7 %) mais diminuerait en 2019 et 2020 (à +3,4 %), reculant surtout dans les pays avancés, a estimé jeudi la DG du Trésor français. Dans une note de conjoncture, le Trésor français précise que le ralentissement de la zone euro se poursuivrait en 2019, en raison des facteurs temporaires, du freinage de la demande mondiale, des fortes incertitudes qui affectent l'investissement et la consommation, et de la fin du rattrapage des crises passées. "En 2019, la croissance serait particulièrement faible en Italie (+0,2 %) et en Allemagne (+0,8 %), plus touchées par ces différents facteurs, que l'Espagne (+2,3 %) et la France, et s'établirait en zone euro à +1,3 % après +2,5 % et +1,8 % en 2017 et 2018. La croissance de la zone euro augmenterait ensuite légèrement en 2020 (+1,4 %), sous l'effet de la normalisation de la situation chez d'importants partenaires commerciaux et de l'arrêt de l'accroissement des incertitudes", a expliqué la note, dont l'APS a obtenu une copie. Elle précise également que l'activité américaine décélérerait légèrement en 2019, en raison des "tensions sur le marché du travail et des mesures protectionnistes adoptées", prévoyant un ralentissement en 2020 du fait de la fin du stimulus budgétaire. En Grande-Bretagne, la croissance resterait modérée, pénalisée par les incertitudes liées au Brexit, estime-t-on encore, alors qu'au Japon, la croissance resterait mesurée en 2019 à cause du freinage de la demande chinoise. Selon le Trésor, elle diminuerait encore en 2020 du fait de la hausse de TVA prévue. Dans les principales économies émergentes, a ajouté la note, l'activité resterait "globalement dynamique". "La croissance resterait forte en Inde, mais ralentirait progressivement en Chine sous l'effet des mesures de désendettement mais aussi des tensions commerciales avec les Etats-Unis. En 2019, l'activité reculerait en Turquie, entrée en récession, avant de rebondir en 2020. La reprise au Brésil et en Russie resterait modérée", a considéré la même source. Pour elle, ce "moindre" dynamisme de l'activité mondiale et le renforcement du protectionnisme "conduiraient à un net freinage du commerce mondial, qui progresserait d'environ 3 % en 2019 et 2020 (après +4,5 % en 2018)". A cet effet, la note prévoit d'importants aléas : l'ampleur du ralentissement en zone euro, l'évolution des mesures protectionnistes américaines, les modalités de sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, l'ampleur du ralentissement en Chine, l'orientation de la politique économique dans les pays avancés (Etats-Unis, Espagne, Allemagne, Italie) comme dans les émergents (Brésil) et les incertitudes financières aux Etats-Unis et dans les pays émergents.