La pression s'est accrue davantage sur les militaires au pouvoir au Soudan où une grève générale de deux jours a commencé ce mardi, à l'appel des leaders de la contestation qui réclament désormais la mise en place d'"un gouvernement civil", plus de six semaines après la destitution du président Omar al-Bachir. Un climat de tension croissante régnait dans la matinée au Soudan notamment à Khartoum où des employés de l'aéroport, de la Banque centrale, de la compagnie nationale d'électricité, ou encore des fonctionnaires du parquet général, ont annoncé leur participation à cet arrêt de travail de 48 heures prévu mardi et mercredi. "Nous sommes là pour dire qu'un gouvernement civil est l'unique solution pour répondre aux revendications du peuple soudanais", a expliqué une dentiste, Hazar Moustafa, durant une marche organisée avec ses collègues dans le centre de Khartoum pour annoncer leur adhésion à la "grève générale" et à la "désobéissance civile". Ce mouvement de débrayage répond à l'appel des leaders de la contestation, après l'impasse dans les négociations avec le Conseil militaire de transition au pouvoir. Pour Siddiq Farouk, un des leaders de l'ALC, la grève de deux jours a pour objectif d'envoyer un message clair au monde entier: "le peuple soudanais souhaite un changement réel et n'acceptera pas de laisser le pouvoir aux mains des militaires". "La grève est un moyen et non une fin en soi, elle est le droit ultime du peuple pour réaliser ses revendications", a estimé M. Farouk. Par ailleurs, les militaires ont multiplié ces derniers jours les rencontres avec les dirigeants étrangers qui les soutiennent. Le chef du Conseil militaire, Abdel Fattah al-Burhane, s'est rendu dimanche aux Emirats arabes unis au lendemain d'une visite en Egypte, deux pays qui soutiennent l'armée au pouvoir au Soudan. Pour sa part, le chef-adjoint du Conseil militaire, Mohamad Hamdan Daglo, dit "Himeidti", a rencontré le 24 mai le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à Djeddah, dans l'ouest de l'Arabie saoudite. De leur côté, les représentants des manifestants ont rencontré les ambassadeurs britannique et saoudien à Khartoum. Ils ont notamment demandé le soutien de Ryadh "pour l'instauration d'un pouvoir civil de transition".