Des représentants de l'élite nationale ont dévoilé, jeudi à Alger, une plateforme de propositions en vue de parvenir à une feuille de route à même de concrétiser les revendications populaires et aplanir le terrain à un projet national "restaurant la légitimité des institutions républicaines et constitutionnelles". Lors d'une rencontre du "Forum de l'élite et des personnalités nationales du Hirak populaire", une nouvelle approche a été proposée au débat, dont l'objectif est de tracer une feuille de route pour répondre aux revendications du Hirak, qui se poursuit depuis le 22 février, dans le cadre d'un projet politique "réaliste et réalisable", avec "la recherche de solutions urgentes pour préserver sa dynamique" et "barrer la route à tous les sinistres plans visant l'épuisement de son énergie et la déviation de son parcours pour le mener vers le chaos et la dérive". Evoquant les mécanismes à même de réaliser la transition démocratique et le consensus national, les promoteurs de cette initiative ont appelé "au respect urgent de la souveraineté du peuple à travers l'application des articles 7 et 8 de la Constitution", et à "la préparation d'une conférence nationale inclusive réunissant les différents acteurs". Pour ce faire, les animateurs du Forum ont mis en avant l'impératif d'organiser la présidentielle dans un délai de six mois au plus tard, au lieu d'aller vers un Conseil constitutif, estimant qu'une telle échéance "ouvrira la voix à un mandat présidentiel transitoire constitutive au cours duquel le président élu procédera à l'ouverture des grands chantiers de l'Etat, dans le cadre d'un dialogue national sérieux et responsable". Cette plateforme, dont la teneur sera expliquée lors de campagnes de sensibilisation "au cœur du Hirak", s'articule autour d'une série de principes, dont "l'adotion des principes de Novembre comme référentiels pour l'édification de l'Algérie nouvelle, à laquelle aspire le Hirak populaire", "le changement pacifique et fluide du régime en préservant les fondements et les institutions de l'Etat", et "la fusion des deux solutions politique et constitutionnelle comme alternative consensuelle commune". Dans ce contexte, les dirigeants de cette organisation ont exposé leur diagnostic de la situation que traverse le pays et leur lecture de ses derniers développements. A ce propos, le président du parti Front de justice et de développement (FJD), Abdallah Djaballah, a déclaré que "le peuple vit une révolution pacifique sans précédent dans son histoire" dont le déclencheur a été "l'existance d'une Constitution et d'un système juridique défaillants en matière de protection de ses droits et libertés". Affirmant que "le Hirak populaire est porteur d'une réforme globale et véhicule le rejet de la tutelle sur le peuple", M. Djaballah a appelé l'ensemble des élites nationales à la persévérance dans la défense des intérêts du peuple, locomotive du processus du changement escompté". De son côté, l'ancien ministre et diplomate, Abdelaziz Rahabi, a souligné l'importance de la contribution de l'élite nationale à la concrétisation de la transition démocratique à laquelle il a reproché "le fait de s'être contentée, par le passé, du rôle à elle assigné par le pouvoir politique, qui l'a instrumentalisé des années durant", et qui a fait d'elle, a-t-il dit, "une simple vitrine de technocratie et démocratie". Pour sa part, Ahmed Benbitour, ancien chef du gouvernement a abordé les spécificités caractéristiques de la société algérienne avant le Hirak, qu'il a appelé "révolution citoyenne", relevant que cette société évoluait "en "l'absence d'une morale collective", "dans la fraude généralisée, la violence sous toutes ses formes, l'indifférence et le fatalisme", sous un pouvoir marqué par "le despotisme, la glorification du leader et le patriarcat", ce qui a conduit à "la dilution de l'Etat". Par ailleurs, il a évoqué "un recul" des fléaux sociaux, dont la société algérienne a tant souffert "du moins durant les marches populaire" ainsi que la disparition progressive des aspects négatifs du pouvoir.