Des centaines de milliers de militants indépendantistes catalans sont descendus samedi dans le centre de Barcelone dans une nouvelle démonstration de masse après les violences qui avaient suivi la condamnation de dirigeants séparatistes pour avoir tenté de faire sécession de l'Espagne, selon des médias locaux. Quelque 350.000 personnes, selon la police municipale, ont répondu à l'appel des deux grandes associations Assemblée nationale catalane et Omnium cultural, pour défiler près du parlement régional. Brandissant des drapeaux indépendantistes, ils criaient "liberté pour les prisonniers politiques" ou "dehors les forces d'occupation" lorsqu'ils apercevaient des policiers. En début de soirée, quelques milliers de manifestants, répondant à l'appel des Comités de défense de la république (CRD), plus radicaux, étaient rassemblés près du quartier général de la police et faisaient face à un cordon de policiers anti-émeutes, criant "indépendance" et "dehors de drapeau espagnol". C'est la première grande manifestation à Barcelone depuis les troubles qui ont fait au total quelque 600 blessés en Catalogne dans les jours qui ont suivi la condamnation par la Cour suprême de neuf leaders séparatistes à des peines de jusqu'à 13 ans de prison. Au soir même de la sentence, le 14 octobre, quelque 10.000 personnes avaient tenté de paralyser l'aéroport de Barcelone, se heurtant à la police qui les a empêchés d'entrer. Puis, du mardi au vendredi, les manifestations dans les principales villes de cette région de 7,5 millions d'habitants avaient dégénéré en scènes de guérilla urbaine. Barricades en feu, jets de pavés, de billes d'acier et de cocktails Molotov contre la police qui ripostait avec des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc ou en mousse: des scènes de combat de rue inédites pour un mouvement séparatiste qui s'était toujours voulu pacifique. La tension est retombée depuis et vendredi soir quelques milliers d'étudiants ont manifesté dans le calme à Barcelone contre "la répression policière". A Madrid, le chef du parti d'extrême droite Vox, Santiago Abascal, a dénoncé samedi devant des milliers de ses partisans brandissant des drapeaux espagnols "la trahison des socialistes" face "au séparatisme criminel". Son parti a pris pied au parlement en remportant 24 sièges sur 350 aux élections législatives d'avril mais plusieurs sondages récents en font la troisième force au parlement lors du prochain scrutin. Arrivé au pouvoir en juin 2018 en partie grâce aux votes des séparatistes catalans, Pedro Sanchez avait entamé avec eux un dialogue qui a vite tourné court. Il fait à présent la sourde oreille aux appels du président de la région Catalogne, l'indépendantiste Quim Torra, qui demande un "dialogue sans condition", une façon d'exiger que le gouvernement accepte l'organisation d'une referendum d'autodétermination. Madrid considère que la Constitution ne le permet pas. "Nous ne parlerons pas d'un droit à l'autodétermination qui n'existe pas, ni dans cette démocratie ni dans aucune autre", a déclaré samedi à la presse la numéro deux du gouvernement, Carmen Calvo.