Le chef du gouvernement tunisien désigné, Elyès Fakhfakh, s'emploie à deux jours du vote de confiance au Parlement, à s'assurer de "la cohésion et de l'entente entre les membres de son gouvernement, deux conditions clé pour la réussite du nouvel exécutif, selon les observateurs. La diversité dans les tendances politiques des membres du gouvernement et la méfiance que nourrit la plupart des formations politiques à l'endroit du parti Ennahdha, majoritaire au sein du parlement, et disposant du plus grand nombre de portefeuilles (6/32) dans l'équipe Fakhfakh "doivent être maîtrisés pour prétendre à une bonne entame du travail du gouvernement", ont estimé des analystes cités par des médias locaux. "Les manouvres du mouvement Ennahdha sont à l'origine du retard mis jusqu'ici dans la formation du gouvernement, soit plus de trois mois", soulignent des médias tunisiens parus lundi, rappelant les préalables qu'Ennahdha ne cessait d'exiger depuis les élections du 6 octobre dernier pour voter la confiance au gouvernement, à l'image de son aspiration à prendre des ministères régaliens et d'exclure tantôt certaines formations politiques à l'instar de Qalb Tounes (Au coeur de la Tunisie) deuxième force politique. L'histoire retiendra, affirment-on, que c'est grâce à l'intervention "musclée" du président de la République, Kaies Saied, menaçant de dissoudre le Parlement que le parti Ennahdha a accepté de "tempérer ses ardeurs". Dans ce sens, Elyes Fakhfakh a insisté, dimanche sur l'importance de "la cohésion et l'entente entre les membres de son gouvernement issus de différentes formations politiques", mettant en relief l'impératif d'un consensus sur un "contrat gouvernemental". "Au cours de la réunion M. Fakhfakh s'est félicité d'emblée de la présence de personnalités indépendantes et de dirigeants de partis politiques dans la composition de son gouvernement", a indiqué son bureau dans un communiqué. Selon la même source, M. Fakhfakh a donné ensuite un aperçu sur son plan d'action gouvernemental, ainsi que sa feuille de route établie pour assurer plus d'efficience au niveau du rôle et du rendement du gouvernement, soulignant l'importance du "contrat gouvernemental "qui constitue la plateforme autour de laquelle est formée cette coalition gouvernementale. Il a rappelé les critères sur lesquels il s'est appuyé pour choisir les membres de son gouvernement, citant entre autres "la compétence, la crédibilité, l'intégrité et la volonté de servir le pays". Dans la même optique, Elyes Fakhfakh avait rencontré jeudi dernier les présidents des groupes parlementaires d'Ennadha, Courant Démocrate (Attayar), Mouvement Echaab, Tahya Tounes, Réforme nationale et Al-Mostaqbal. Le chef du gouvernement désigné a rencontré aussi vendredi, selon les mêmes sources, le président du parti Qalb Tounes, Nabil Qaroui dont la formation a été exclue du futur cabinet. M. Qaroui, qui a rappelé que son premier grand souci reste l'avenir des Tunisiens, n'a pas omis de faire, toutefois, part de certaines divergences dans les points de vue avec le chef du Gouvernement. Le bureau de l'Assemblée des représentants du peuple tiendra, mercredi 26 février 2020, une séance plénière consacrée au vote de confiance au nouveau gouvernement proposé. Dans ce contexte, des médias avancent que le vote de confiance au gouvernement Fakhfakh est quasi-assuré. Les 109 voix sur les 217 nécessaires pour son vote seront largement acquises tant les formations politiques le soutenant comptabilisent quelque 121 voix. Il s'agit d'Ennahdha avec (54 élus), de Courant démocrate (22 élus), Mouvement Echâab(15 élus), Mouvement Tahya Tounes (14 députés), le bloc de la réforme nationale(16 élus). Un plan d'action aux volets multiples Les priorités du gouvernement Fakhfakh s'articulent notamment, selon des sources bien informées, autour des réformes économiques dont le secteur est le plus en difficulté. Ainsi, le gouvernement s'attèlera, indique-t-on, à remédier en urgence au pouvoir d'achat des Tunisiens qui ne cesse de chuter, à la relance économique en relançant les usines qui sont à l'arrêt et en modernisant sans délais des autres secteurs à l'instar de celui du tourisme et des services accusant un retard durant ces dernières années. Le gouvernement Fakhfakh aura aussi la mission de réduire le chômage dont le taux a atteint 30% en 2019 et la lutte contre la précarité sociale au moment où plus d'un million de Tunisiens vivent désormais sous le seuil de la pauvreté. En outre, le nouvel exécutif s'attaquera au volet sécuritaire dans une conjoncture marquée par des risques guettant la Tunisie du fait, en particulier, de la situation instable en Libye, voisine. La consolidation de la place de la femme dans la société tunisienne et le respect des libertés figurent aussi parmi les priorités assignées au gouvernement Fakhfakh. Cinq partis politiques et des indépendants siègent au sein du gouvernement composé de 32 portefeuilles. Il s'agit du mouvement Ennahdha (6 portefeuilles), du Courant démocrate (3), du Mouvement Echaâb ( 2), du mouvement Tahya Tounes (2) et du bloc de la Réforme nationale (2). Les autres départements ont été accordés à des personnalités indépendantes.