Le chef de la division des statistiques à l'Instance des affaires des détenus palestiniens, Abdenacer Farawna a appelé jeudi la communauté internationale à assumer ses responsabilités et à agir rapidement pour sauver les prisonniers palestiniens du risque imminent que représente la propagation du coronavirus pour leurs vies. "La Communauté internationale et les institutions internationales humanitaires et des droits de l'Homme sont appelées à assumer leurs responsabilités morales, humanitaires et juridiques et à agir sérieusement et urgemment pour sauver les prisonniers et détenus palestiniens du danger de la pandémie du coronavirus, en exerçant une pression sur l'occupation israélienne pour l'amener à respecter les Conventions et les Chartes", a déclaré M. Farawna dans un entretien accordé à l'APS depuis Ramallah à l'occasion de "La Journée du prisonnier palestinien". "Le silence international et l'absence de reddition des comptes, en se contentant uniquement de communiqués de condamnation, ont encouragé les autorités d'occupation israéliennes à persister dans leur politique discriminatoire et continuer de perpétrer davantage de crimes et de violations des droits du peuple palestinien en général et des prisonniers et détenus en particulier", a-t-il affirmé. Mettant en garde contre la tolérance de la politique discriminatoire exercée par l'occupation israélienne contre les prisonniers palestiniens, particulièrement après la libération de centaines de prisonniers israéliens dès l'annonce de la propagation de la pandémie, le maintien en détention de milliers de Palestiniens outre la poursuite de la politique des arrestations quotidiennes, l'Instance des affaires des détenus palestiniens a saisi officiellement nombre d'institutions internationales, y compris l'ONU et le Conseil de sécurité pour mettre en garde contre le danger de la situation. L'Instance palestinienne a appelé ces organismes à "assumer leurs responsabilités morales, humanitaires et juridiques et à intervenir rapidement pour protéger les prisonniers du danger du coronavirus et libérer les malades, les personnes âgées, les enfants et les femmes, étant les catégories les plus exposées à ce virus", selon le responsable palestinien. Préoccupation croissante sur la vie des prisonniers Bien qu'un certain nombre de gardiens israéliens aient été infectés par le Coronavirus, ce qui constitue une menace pour la vie des prisonniers contacts, l'occupant n'a pas changé sa politique ni ses règles de traitement des prisonniers. A cet égard, M. Farawna a indiqué que "la situation dans les prisons est extrêmement inquiétante, compte tenu du surpeuplement, de la détérioration de la situation sanitaire, en sus de l'absence des mesures de protection et de sécurité", ajoutant que l'atteinte d'un ou de certains prisonniers au virus n'est qu'une question de temps, ce qui constituerait une véritable catastrophe". Le responsable palestinien a remis en question la version israélienne qui confirme l'absence de cas positifs parmi les prisonniers, notamment que les tests étaient positifs pour un certain nombre de geôliers et d'enquêteurs israéliens. Et d'ajouter, "nous ne leur faisons pas confiance et remettons toujours en question leur crédibilité. Notre expérience avec eux est longue et amère. L'administration pénitentiaire a souvent fait disparaitre les dossiers médicaux de certains détenus et prôné le silence sur le type de maladies dont ils souffrent". Avançant pour prétexte la propagation de la pandémie de Coronavirus, les autorités de l'occupant ont interdit les visites des familles des détenus et leurs d'avocats, ce qui complique, selon M. Farwana, davantage la situation et nous empêche de savoir ce qui ce passe derrière les murs des prisons et des centres de détention. Afin de préserver le contact entre le prisonnier et sa famille, l'Instance palestinienne a plaidé pour l'intervention de la Croix-Rouge en vue d'exercer la pression sur les autorités d'occupation pour qu'elles fournissent les mécanismes alternatifs telles les communications téléphoniques ou l'utilisation des technologies modernes. Bien que le prisonnier libéré, Noureddine Sarsour ait été testé positif au coronavirus, dès sa sortie de la prison d'Ofer, les autorités de l'occupant n'ont pris aucune mesure préventive ni effectué les tests de dépistage sur les prisonniers contacts dans la même cellule, ce qui a augmenté les craintes concernant la vie de l'ensemble des prisonniers. En dépit des circonstances difficiles et de l'insuffisance des moyens, et par mesure de précaution, le ministère palestinien de la Santé reçoit tous les prisonniers dès leur libération et les place en quarantaine à l'effet de les protéger du virus et préserver la santé publique. Echange de prisonniers un atout pour libérer les détenus Les factions de la résistance palestinienne ont réussi, tel qu'en témoigne l'histoire, à conclure plusieurs accords d'échange de prisonniers avec le colonisateur israélien, à l'instar de l'accord de "Gilad Shalit", connu sous le nom de "Fidélité des libres" signé en 2011, et en vertu duquel 1027 détenus ont été libérés. Face à l'insistance intransigeante du colonisateur à libérer les prisonniers en cette période de propagation du Covid-19, Yahya Sinwar, chef du Hamas à Gaza, a laissé entendre au début du mois courant que le groupe serait favorable à une initiative humanitaire "en optant pour des concessions partielles au sujet des Israéliens détenus, si le colonisateur accepte de libérer les femmes, les personnes âgées et les prisonniers palestiniens vulnérables". Pour M. Farawna, cette initiative est "porteuse de dimensions humanitaires et traduit l'inquiétude manifestée à l'égard des détenus", affirmant qu'une telle opération "vient s'ajouter aux efforts politiques, légaux et médiatiques qui n'ont eu de cesse pour sauver la vie des prisonniers de la pandémie Covid-19". C'est là "un pas on ne peut plus important en l'absence de l'influence des institutions internationales et devant le mépris continu d'Israël qui refuse d'interagir face aux efforts déployés au profit des prisonniers", a-t-il soutenu. Considérant que cette initiative favoriserait bien des négociations partielles à moyen terme, le chef de la division des statistiques à l'Instance des affaires des détenus palestiniens a indiqué qu'il serait question d'un point fondamental à la faveur de plus amples pourparlers, voire même la conclusion d'un accord d'échange total "Fidélité des Libres II". "Il revient à Hamas et à toutes les factions palestiniennes de songer à une telle option avérée utile notamment en cette circonstance où des milliers de Palestiniens se trouvent prisonniers et devant la tergiversation du colonisateur à mener à bien cette action pacifique". Le mouvement Hamas détient suffisamment de cartes pour mener un accord d'échange, a-t-il souligné, estimant que "la balle est actuellement dans le champ du colonisateur, et l'éventuel succès de cet accord dépend de la réactivité des israéliens face aux revendications palestiniennes et sa disponibilité à en payer le prix". "Nous nous rapprochons d'un accord partiel, porteur de dimensions humanitaires que nous pourrons appeler +Accord Coronavirus+", a-t-il conclu.