Les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et leurs alliés, entament vendredi l'application de leur engagement portant une baisse de production de près de 10 millions de barils par jour (mb/j) pour mai et juin afin de rééquilibrer le marché et enrayer la chute des prix. Cette réduction vient en application de l'accord conclu le 12 avril, lors de la 10eme réunion ministérielle extraordinaire de l'OPEP +, tenue par vidéoconférence. Les participants ont convenu une baisse de leur production globale de pétrole brut de 9,7 mb / j, à compter du 1er mai 2020, pour une période initiale de deux mois qui se termine le 30 juin 2020. Pour la période suivante de 6 mois, qui débutera du 1er juillet 2020 au 31 décembre 2020, l'ajustement total convenu sera de 7,7 Mb/j. Cette baisse sera suivie d'un ajustement de 5,8 mb /j pour une période de 16 mois, allant du 1er janvier 2021 au 30 avril 2022. L'extension de cet accord sera réexaminée en décembre 2021. L'entrée en vigueur de cette décision qualifiée d'"historique" par les signataires de la déclaration de coopération vient contribuer à équilibrer le marché pétrolier qui a été affecté depuis plusieurs semaines par une chute de la demande en raison d'un double choc induit par l'impact de la pandémie du nouveau coronavirus sur l'économie mondiale, vu les mesures préventives prises, y compris le gel du transport aérien et maritime, et ce de par l'approvisionnement des marchés internationaux en quantités importantes de pétrole. Aujourd'hui, il y a des éléments favorables aux prix côté demande, avec des chiffres meilleurs que prévu aux Etats-Unis et un espoir de traitement du Covid-19, et côté offre, avec une coupe de la production norvégienne, estiment des analystes. Optimisme sur une reprise de la demande et amélioration des prix Ces éléments ont aidés les prix à rebondir ce jeudi matin. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin, dont c'est le dernier jour de cotation, valait 25,33 dollars à Londres, en hausse de 12,38% par rapport à la clôture de mercredi. A New York, le baril américain de WTI pour juin gagnait 15,80%, à 17,44 dollars. Son cours remonte depuis un plus bas cette semaine touché mardi, à 10,07 dollars. Plusieurs signataires de la déclaration de coopération ont affirmé leur engagement pour l'application de cet accord et s'attendent aussi à une reprise des cours après l'entrée en vigueur de l'accord de l'OPEP+. Dans ce cadre, le ministre algérien de l'Energie et président de la Conférence de l'OPEP a affirmé, jeudi, que '' l'Algérie est prête à réduire sa production dès le 1er mai, en conformité avec l'Accord''. Bien avant, il a estimé que les cours devraient rebondir à partir de mai avec l'entrée en vigueur de l'accord "OPEP+" et le début progressif du déconfinement dans de nombreux pays, à l'instar de la Chine, ce qui induira une hausse progressive de la demande mondiale sur les produits énergétiques. La Russie, a insisté mercredi, par la voix de son ministre de l'Energie Alexandre Novak, sur le respect de son engagement. Pour sa part, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov a affirmé dans une récente déclaration que l'entrée en vigueur de l'accord OPEP + contribuera à la remontée des cours de l'or noir. L'OPEP a annoncé que le ministre du pétrole et du gaz du Sultanat d'Oman, Mohammed Bin Hamad Al-Rumhy, a informé son secrétaire général Mohammad Barkindo, des plans du Sultanat d'ajuster volontairement la production de pétrole dans le cadre de son engagement envers la Déclaration de coopération. Par ailleurs, des pays de l'OPEP ont déjà entamé la réduction de leur production de pétrole avant l'entrée en vigueur de l'accord, à l'instar du kuwait, cinquième producteur de l'OPEP. Jeudi, l'OPEP a organisé une série de tables rondes sur l'énergie avec des experts sélectionnés d'institutions internationales, de l'industrie pétrolière et de la communauté financière à la suite de deux réunions ministérielles extraordinaires de l'OPEP et non-OPEP tenues par vidéoconférence les 9 et 12 avril. A cette occasion, les participants ont évoqué le dialogue élargi et les efforts de coopération entre les principaux pays producteurs au-delà de la déclaration de coopération, l'impact de la pandémie de COVID-19 sur l'économie mondiale, la contraction soudaine de la demande de pétrole et le déséquilibre majeur qui s'ensuit sur le marché , a indiqué l'Organisation jeudi sur son site web. "Il est d'une importance stratégique énorme que nous tenions ces tables rondes sur l'énergie, en nous appuyant sur l'expertise d'analystes, d'universitaires et d'économistes de premier plan, pour mieux comprendre le marché et les conditions qui l'affectent", a déclaré, M. Barkindo cité dans le communiqué de l'Organisation. Mercredi, la Norvège, plus gros producteur d'hydrocarbures d'Europe de l'Ouest, a annoncé une réduction de sa production de pétrole jusqu'à la fin de l'année afin de contribuer à une stabilisation des prix. Cet effort vient s'ajouter à celui de l'OPEP+.