Le ministre du Commerce, Kamel Rezig a fait état du lancement prochain d'une large opération d'évaluation et de réexamen de plusieurs dossiers relatifs aux activités sous tutelle dans le cadre d'une démarche de "moralisation de l'acte commercial" visant essentiellement à assainir le marché des tenants de la spéculation, du monopole et de la manipulation des prix. Dans un entretien accordé à l'APS, M. Rezig a indiqué que son secteur envisageait, "après le Ramadhan, le réexamen de plusieurs questions ( ...) nous avons pris des dispositions et des mesures pour mettre fin à l'anarchie régnant dans certains créneaux et nous sommes déterminés à moraliser l'acte commercial dans tous ses aspects". Une commission ministérielle récemment mise sur pied se penche sur la question de la moralisation de l'acte commercial en analysant les causes des problématiques enregistrées dans nombre de filières et branches, a-t-il précisé. Concernant son évaluation de l'activité commerciale en ce mois sacré, le ministre a estimé que "le citoyen était conscient que le Ramadhan de cette année n'est pas le même que les années précédentes (... ) les préparatifs ont commencé depuis janvier à la faveur de plusieurs rencontres organisées à différents niveaux avec les départements ministériels concernés, les unions et les offices". Pour M. Rezig, les mesures prises avant le Ramadhan, en coordination avec les autres départements ministériels et les Services de sécurité et grâce à certains intervenants parmi les fellahs et les commerçants, a permis de parvenir à une stabilité et à la lutte contre la spéculation et la monopole, à l'exception des perturbations enregistrées dans deux produits (semoule et farine) et la filière viande. Soulignant que la spéculation, notamment sur les produits subventionnés, est désormais un phénomène habituel qui ne se limite point au mois du Ramadhan, le ministre a expliqué que l'apparition de la pandémie Covid-19 cette année a impliqué des mesures plus coercitives contre le monopole et la spéculation. Durant le premier trimestre, les agents du contrôle ont effectué plus de 42000 interventions dans le cadre de la lutte contre la mafia du commerce en dépit des difficultés de déplacement pendant les tranches horaires du confinement. Par ailleurs, M. Rezig a déclaré que les mesures prises pour juguler la propagation du Coronavirus ont eu un impact direct sur le programme du ministère qui prévoyait l'organisation de salons au niveau de chaque wilaya avec application de prix préférentiels et offres promotionnelles. S'agissant des décisions de suspension des activités commerciales prises par certains walis, le ministre a estimé que c'est le non-respect par le citoyen des conditions de prévention qui a motivé ces décisions. Dans le cadre des dispositions prises pour l'organisation des marchés durant le mois du Ramadhan, le ministre a fait savoir que le repos hebdomadaire des commerçants a été suspendu jusqu'à la fin du mois sacré, expliquant que la prise du repos hebdomadaires (vendredi et samedi) au début de la première semaine a été à l'origine d'un dysfonctionnement dans l'approvisionnement du marché en divers produits, et partant d'une hausse des prix. Pour ce qui est de l'augmentation enregistrée dans les prix des viandes rouges au début du mois du Ramadhan, le ministre du Commerce a affirmé que son département "a pris les mesures entrant dans le cadre de ses prérogatives contre les spéculateurs à chaque fois qu'il a été destinataire d'une plainte". A ce propos, M. Rezig a ajouté que "l'importation ne relève pas des missions du ministère du Commerce et les éleveurs sont sous la tutelle d'un autre département ministériel". Déplorant le non aboutissement de l'accord avec les représentants de cette filière pour des prix "raisonnables", le ministre a estimé que " le premier perdant n'est autre que le citoyen, malheureusement". Pour ce qui est de l'importation pour couvrir la demande locale, le ministre a affirmé que "si le besoin est là, après l'organisation de cette filière, l'importation se fera auprès des pays du voisinage". Par ailleurs, et concernant l'approvisionnement en lait en sachet subventionné, le ministre a fait état de perturbations de distribution dans 18 wilayas, assurant que son secteur veille au contrôle du circuit de distribution, des laiteries et des commerçants de détail. Dans ce cadre, le ministre a évoqué une révision en cours du réseau des laiteries et de la carte de distribution dans les wilayas en vue d'offrir à chaque wilaya une autonomie dans l'approvisionnement de sa population, a-t-il indiqué. Quant à la coordination avec les associations de la société civile, le ministre a admis qu'elles restent un mécanisme important et un instrument entre les mains du ministère pour l'aider dans la prise de décisions pertinentes visant l'amélioration des marchés et du processus de consommation et de contrôle. Pour M. Rezig, les associations effectuent un travail honorable en tant que source de données et partenaire dans les actions de sensibilisation et dans le signalement des infractions. = Covid-19 : Les chiffres des pertes des commerçants non précis= A la question de savoir comment le secteur s'adapte au confinement sanitaire décrété par les pouvoirs publics pour freiner la propagation du nouveau Coronavirus, le ministre a souligné que les agents et personnel du secteur à travers toutes les wilayas du pays s'acquittent de leurs missions en dépit des contraintes liées au déplacement et à la situation sanitaire. Par ailleurs, M. Rezig a estimé que les chiffres avancés par certains experts économiques sur les pertes subis par les commerçants durant la période du confinement "ne s'appuient pas à des règles scientifiques précises". Il a indiqué, dans ce sens, que "plusieurs réunions ont été tenues avec les représentants des commerçants sans que nous puissions d'arrêter un chiffre exact ni les taux de préjudice pour les activités ( ). Les chiffres doivent être basés sur des études de terrain et pour l'heure nous sommes dans l'incapacité de donner un chiffre définitif car le confinement n'est pas encore levé", a-t-il poursuivi. Compte tenu des disparités dans les activités, il est question de déterminer les pertes enregistrées dans chaque activité à part (activités complètement à l'arrêt, activités dont l'exercice est limité dans le temps etc) avec l'étude des demandes des commerçants qui diffèrent en fonction de la situation de chaque catégorie, a encore précisé le ministre. Cinquante pour cent des activités commerciales avait été restreintes seulement mais malheureusement les citoyens n'ont pas respecté les consignes de prévention ( ) notre mission n'est pas de fermer le commerce mais lorsqu'il s'agit de choisir c'est bien sûr la préservation de la vie qui prime, a affirmé le ministre. Nous oeuvrons néanmoins à nous adapter à la situation et dans ce sens nous avons fait obligation du port de maques pour les commerçants et leurs personnels, a-t-il ajouté rappelant les mesures de fermeture pour tout commerçant qui transgresse cette obligation et celle de désinfection de son local.