Une centaine de vaccins contre le nouveau coronavirus (Covid-19) sont en cours de développement dans le monde, mobilisant de grandes sociétés pharmaceutiques au moment où l'ONU insiste sur une coopération mondiale pour un vaccin accessible à tous. Les Nations Unies et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge ont appelé dans une déclaration commune, début juin, les gouvernements, le secteur privé, les organisations internationales et la société civile à s'unir pour trouver un "vaccin du peuple" contre le nouveau coronavirus, qui "devrait protéger les personnes aisées en ville comme les plus démunies dans les communautés rurales, les personnes âgées dans les maisons de soins comme les jeunes dans les camps de réfugiés". Lors du sommet mondial virtuel sur les vaccins, tenu jeudi dernier par visioconférence, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a émis l'espoir qu'un vaccin anti-Covid-19 sera considéré comme "un bien public mondial", ou un "vaccin des peuples", appelant à "une solidarité mondiale pour garantir que chaque personne, partout, y ait accès". Il a souligné que les maladies "ne connaissent pas de frontières". C'est pourquoi une Alliance mondiale pour les vaccins et la vaccination (GAVI) entièrement financée, sera essentielle "pour garantir que nous continuons à progresser vers les Objectifs de développement durable". L'objectif de la GAVI, organisme international qui réunit des acteurs publics et privés pour assurer un égal accès aux vaccins, était de récolter deux milliards de dollars. Le sommet virtuel de la Gavi, qui a réuni plus de 50 pays et plus de 35 chefs d'Etat et de gouvernement, est intervenu alors que la pandémie a exacerbé les attaques contre le multilatéralisme, provoqué la rupture annoncée par le président américain Donald Trump avec l'OMS et les craintes d'une mainmise américaine sur de futurs vaccins. Début juin, M. Guterres avait réitéré son appel, lors d'un sommet extraordinaire intersession de l'Organisation des Etats d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OEACP) pour que le vaccin anti-Covid-19, soit mis à disposition rapidement, à un prix abordable et de manière équitable, et "doit être considéré comme un bien public mondial, comme le vaccin des peuples". Dans ce sillage, le ministre chinois des Sciences et des Technologies, Wang Zhigang, a déclaré à l'occasion de la publication en début de semaine du livre blanc "Combattre le Covid-19: la Chine en action", par le Bureau de l'information du Conseil des affaires d'Etat, que la Chine fera de son vaccin contre le nouveau coronavirus Covid-19 "un bien public mondial", une fois qu'il aura été développé et aura passé tous les essais cliniques, estimant que la coopération internationale devait être renforcée au cours du développement de vaccins, des essais cliniques et de leur application. Ainsi, le géant asiatique s'est engagé à offrir plus d'aide aux pays en développement et les pays africains dans la lutte contre la Covid-19.Parallèllement, le président chinois, Xi Jinping, avait déclaré mercredi dernier lors d'une conversation téléphonique avec la chancelière allemande Angela Merkel, que son pays était prêt à travailler avec l'Allemagne et l'Union européenne (UE) pour renforcer la coopération et relever les défis de l'heure concernant notamment la lutte contre la pandémie du Covid-19, assurant que la Chine était prêt à travailler avec l'Allemagne pour soutenir le travail de l'OMS et promouvoir la coopération internationale dans des cadres tels que les Nations Unies et le Groupe du 20. Une course mondiale aux vaccins anti-Covid-19 La pandémie de Covid-19 a fait au moins 407.914 morts dans le monde depuis son apparition en décembre en Chine, selon le dernier bilan établi par des médias à partir de sources officielles mardi. Et la course aux vaccins et traitements mobilise de grandes sociétés pharmaceutiques. Alors que des scientifiques du monde entier essayent de mettre au point un vaccin efficace contre le nouveau type de coronavirus, l'OMS en a déjà enregistrés au total 125 projets de vaccins, dont huit ont été proposés par la Russie. L'un des vaccins pourrait être introduit par le nez contrairement aux autres qui seraient administrés par injection, selon le directeur général du Centre national russe de recherche en virologie et biotechnologie Vector. Cinq autres candidats vaccins, sont actuellement testés par la Chine chez l'homme, et plusieurs essais cliniques sont en cours, dont celui de la société chinoise CanSino, qui a publié ses premiers résultats le 22 mai dans The Lancet. Les Etats-Unis, envisagent de mener des essais massifs de la demi-douzaine de vaccins les "plus prometteurs" contre la Covid-19 sur plus de 100.000 volontaires à partir de juillet, ont indiqué les scientifiques qui dirigent le programme. Un vaccin anti-Covid-19 élaboré par l'Université d'Oxford et financé en partie par le gouvernement britannique, sera également testé à partir de la mi-juin au Brésil, où "la pandémie y est en phase ascendante", et ce, sur 2.000 volontaires recrutés début juin, a expliqué l'Université Fédérale de Sao Paulo (Unfesp). Le vaccin doit également être testé dans d'autres pays par la suite. En France, l'Institut Pasteur prévoit de commencer les premiers essais cliniques de son vaccin en juillet sur 90 volontaires en bonne santé pour obtenir les premiers résultats en octobre, tandis que l'Arabie saoudite, qui préside le Groupe des vingt (G20) durant 2020, avait appelé samedi à des efforts mondiaux concertés pour lutter contre le virus, faisant savoir que le G20 et les pays invités avaient promis plus de 21 milliards de dollars pour soutenir le financement de la santé mondiale, dédié notamment au diagnostic, aux vaccins, au développement thérapeutique et à la recherche. L'organisation Oxfam a, de son côté, appelé à investir l'argent public "dans des vaccins et traitements libres de droits et disponibles pour toutes les nations à prix coûtant".Le Canada a déjà annoncé qu'il verserait 600 millions de dollars sur cinq ans à la GAVI et son Premier ministre, Justin Trudeau, a réitéré l'importance de "coopérer pour que tous les citoyens du monde, en particulier les plus vulnérables, puissent en bénéficier".