Les Syriens sont attendus aux urnes dimanche pour des élections législatives qui coïncident avec les 20 ans au pouvoir du président Bachar al-Assad, à la tête d'un pays ravagé par la guerre, frappé de plein fouet par des sanctions occidentales et une forte crise économique. Quelque 2100 candidats sont en lice pour le scrutin, le troisième depuis le début, en 2011, d'un conflit ayant fait plus de 380.000 morts et jeté sur la route de l'exil des millions de réfugiés et de déplacés. Les électeurs sont appelés à se présenter dans 7313 bureaux de vote. Le parti Baas, au pouvoir depuis un demi-siècle, remporte généralement ces législatives, organisées tous les quatre ans pour élire 250 députés. Initialement prévu en avril, le scrutin a été retardé à deux reprises en raison de la pandémie de coronavirus qui a touché 458 personnes, selon les données officielles. Selon des médias locaux, les programmes des candidats sont dominés par les questions économiques et sociales, promettant notamment des solutions à la flambée des prix, la reconstruction du pays et la réhabilitation des infrastructures. Cette année pour la première fois, le scrutin va se tenir dans d'anciens bastions de la rébellion armée. Car après avoir enchaîné les victoires grâce au soutien militaire de la Russie, à la demande de Damas, les forces gouvernementales contrôlent désormais plus de 70% du pays. Les forces gouvernementales étaient reparties en 2019 à l'offensive contre Idleb, ultime grand bastion des terroristes et des différents groupes armés dans le Nord-Ouest, reprenant de vastes pans de cette province. Lire aussi: Syrie/Idleb: le cessez-le feu respecté après une semaine de son entrée en vigueur Les millions de Syriens vivant à l'étranger, dont une majorité de réfugiés ayant fui le conflit, "ne pourront pas participer aux élections à moins de rentrer pour voter", selon un membre de la commission électorale, cité par le quotidien syrien Al-Watan. Parmi les candidats figurent des hommes d'affaires ciblés par la loi César, adoptée par Washington à la mi-juin et qui vient se greffer à une série de sanctions occidentales. C'est le cas du député Mohamed Hamcho, candidat à sa propre succession dans la capitale, selon la même source. Et de Khaled al-Zubaidi, ayant investi selon le Trésor américain dans un projet de tourisme de luxe près de l'aéroport de Damas et qui entretiendrait "des liens avec le régime Assad". Le pays traverse la pire crise économique de son histoire, qui s'accompagne depuis plusieurs mois d'une dépréciation inédite de sa monnaie. Plus de 80% de la population vit sous le seuil de pauvreté, selon l'ONU. Selon des observateurs, la Syrie d'aujourd'hui est loin de celle du 17 juillet 2000, qui avait vu Bachar al-Assad, alors âgé de 34 ans, accéder à la magistrature suprême après la mort de son père, Hafez al-Assad. Ophtalmologue de formation, après des études au Royaume-Uni, le nouveau président incarnait alors un espoir de changement pour les Syriens. Après neuf ans d'une guerre meurtrière, la situation s'est compliquée avec notamment l'implication des puissances régionales et internationales dans le conflit. La prochaine présidentielle est attendue en 2021.