L'ONG Human Rights Watch (HRW) a vivement dénoncé,vendredi, la répression des militants sahraouis par les forces de sécurité marocaines dans les villes occupées,relevant le caractère brutal et illégal des méthodes du régime marocain. "Le Maroc et le Polisario s'affrontent sur les plans frontalier et diplomatique, mais cela n'autorise en rien le Maroc à réprimer des civils sahraouis qui s'opposent pacifiquement à son administration du territoire ", a déclaré, Eric Goldstein, directeur par intérim de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord de Human Rights Watch. "Les autorités marocaines contiennent fortement, depuis longtemps, toutes les manifestations d'opposition à leur administration du Sahara occidental. Elles empêchent les rassemblements de soutien à l'autodétermination sahraouie, soumettent les activistes indépendantistes à des violences, dans la rue ou en garde à vue, les emprisonnent, les condamnent au terme de procès entachés d'irrégularités ou d'actes de torture, entravent leur liberté de déplacement, et les font suivre ouvertement", a noté l'ONG dans un communiqué. L'ONG dont le siège est à Washington, souligne "que ces pratiques ont été à nouveau signalées suite à l'incident d'El Guerguerat, le 13 novembre dernier. HRW a rappelé dans ce sens que "les forces de sécurité marocaines ont brutalement dispersé après l'incident d'El Guerguerat des manifestations en faveur de l'indépendance du Sahara Occidental. Elles ont aussi harcelé, frappé ou arrêté plusieurs activistes, ou encore attaqué leurs domiciles" Dans le même contexte, l'ONG a rapporté le sort inhumain infligé à Hayat Diyya, une fille sahraouie âgée de 12 ans, dans son collège de Laâyoune, et ce, "après qu'un membre du personnel de l'école a signalé qu'elle portait une veste de type militaire et qu'elle avait cousu, sur son uniforme scolaire, un écusson représentant le drapeau sahraoui. "Les policiers l'ont retenue pendant cinq heures, l'ont giflée, lui ont tiré les cheveux, et l'ont frappée brutalement sur plusieurs parties de son corps. Ils l'ont aussi forcée à s'agenouiller et à chanter l'hymne national du Maroc face à un portrait du roi. Depuis, elle fait régulièrement des cauchemars", a déclaré Lahbiba Diyya, la mère de Hayat, à l'ONG. En outre, HRW souligne que "les autorités marocaines font systématiquement obstruction au travail des associations qui plaident pour l'autodétermination au Sahara occidental. Personne ne peut ôter aux Sahraouis le droit de s'opposer pacifiquement A ce propos, l'ONG relève que le 29 septembre, en réponse à la création de l'Instance sahraouie contre l'occupation marocaine, un nouveau groupe militant pour l'autodétermination du peuple sahraoui, fondé entre autres par la célèbre militante, Aminatou Haidar, un procureur de Laayoune a annoncé l'ouverture d'une enquête judiciaire pour " activités visant à porter atteinte à l'intégrité territoriale du Royaume ". "La police a encerclé, le même jour, le domicile de six membres de ce nouveau groupe, dont Haidar", a ajouté l'ONG. Le directeur par intérim de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord de Human Rights Watch a indiqué, par ailleurs, "que les Sahraouis ont tout à fait le droit de s'opposer pacifiquement contre la volonté du Maroc d'annexer leurs territoires et que personne ne peut leur ôter ce droit". Lire aussi: James Baker: la position de Trump sur le dossier sahraoui risque de créer des tensions en Afrique du Nord "Ni la reconnaissance de Trump de la prétendue souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental, ni la répression du Maroc, ne peuvent ôter aux Sahraouis leur droit fondamental de s'opposer pacifiquement à l'administration du territoire par le Maroc », a indiqué Eric Goldstein. HRW a rappelé, par ailleurs, " que la reconnaissance du président américain sortant Donald Trump de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental ne change en rien à son statut de territoire non autonome, tel que déterminé par les Nations Unies". "Les Nations Unies ne reconnaissent pas l'annexion du Sahara occidental par le Maroc, et ont fait savoir que leur position demeurait " inchangée " malgré l'annonce du président Trump. "Le Maroc a toujours refusé que le mandat de la mission des Nations Unies pour le maintien de la paix au Sahara occidental (Minurso) soit élargie afin d'englober le suivi des droits humains", a déploré l'ONG, rappelant qu'elle avait " appelé à un tel élargissement à plusieurs reprises, afin d'aligner cette mission sur la quasi-totalité des opérations modernes de maintien de la paix de l'ONU".