La ville de Médéa s'apprête à célébrer, à partir de ce soir, lundi dans une ambiance de grande fête populaire l'avènement du nouvel an Amazigh, malgré une conjoncture très difficile induite par la pandémie de la Covid-19. Une effervescence digne des jours des grandes fêtes règne dans l'ancienne capitale du Titteri, où les étales du marché de la ville, garnies de toutes sortes de friandises, chocolat, fruits secs, sont pris d'assaut par les citoyens. De nombreux commerces, spécialisés d'habitude dans la vente de fruits et légumes, se reconvertissent, pour la circonstance, et proposent une gamme très variés de produits, cédés, contrairement aux précédentes années, à des prix défiant toute concurrence, de l'avis même de citoyens rencontrés sur place. Une aubaine pour les maigres ressources qui se sont rués, dans la matinée, sur les étales du marché de la ville pour faire leurs achats, en prévision des fêtes qui auront lieu dans la soirée, comme c'est d'usage, depuis des lustres. "Yennayer", "El-Aam", pour certains d'autres, est célébré, chaque année, dans la pure tradition ancienne ou l'avènement du nouvel an Amazigh est un moment de joie et de communion, quelque soit la conjoncture ou les difficultés du quotidien. Il s'agit, selon des citoyens, de perpétuer une tradition séculaire symbole de cette étroite relation entre l'Homme et la terre, car, Yennayer est, avant tout, l'accueil de la nouvelle année agraire et, donc, l'occasion de remercier Dieu pour tous les biens de la terre accordés à l'Homme et prier pour que la prochaines récoltes soient bonnes, affirme un vieux septuagénaire. La célébration de "El-Aam" traduit, note un jeune étudiant, ce sentiment d'appartenance à une seule et même culture qui a façonné, au cours des siècles, la personnalité algérienne et réaffirmé les liens entre les différentes composantes de la société. "Yennayer" est vécu comme un grand moment de communion et de prière, notamment au sein de certaines confréries religieuses, où l'on implore l'aide et la bénédiction de Dieu, pour les biens présents et futurs, comme le faisait, autrefois, les anciens qui, au début de le saison agricole, priaient pour que les récoltes soient bonnes et abondantes. La célébration du nouvel an Amazigh se distingue, en milieu sédentaire, par ses aspects culinaires, symbolisés par les incontournables plats de "couscous" ou "chakhchoukha", pour les uns, "Ftate" et "Rechta", présents sur toutes les tables, la préparation également de gâteaux traditionnels, notamment les "maâreks" (crêpes à base de semoule), ou encore "rfiss", mélange de galettes de pain, de semoule et de dattes, qui sont servis accompagnés de café et/ou de thé à le menthe durant toute le durée de le fête. A Médéa, le célébration de "Yennayer" donne lieu à une sorte de "baptême" d'enfants en bas âge, consistant à regrouper l ́ensemble de le fratrie au milieu d'une pièce et de déverser sur leur tête le contenu d'un récipient en bois, ou autre, remplie de treize fruits secs et friandises, communément appelée "treize" ou "djhaâz". Tous les membres de la famille ont droit à une part égale de ces friandises et fruits secs qu'ils mettent dans des bourses en tissus, pour les consommer dans les jours à venir.