La ferme opposition affichée par plusieurs républicains et démocrates, à l'égard de la décision unilatérale du président sortant des Etats-Unis Donald Trump de reconnaitre la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, est "un signe positif", estime l'expert américain en droit international, Stephen Zunes, jugeant possible l'annulation de cette mesure par le futur locataire de la Maison Blanche. Dans une déclaration mercredi à l'APS, Stephen Zunes a affirmé que "le fait que les démocrates de gauche et les républicains de droite se sont opposés fermement à la décision de Trump (relative à la question du Sahara occidental) est un signe positif". "Même certains membres du Congrès américain qui avaient soutenu le soi-disant +plan d'autonomie+ du Maroc s'opposent à l'action unilatérale de Trump laquelle a contourné le processus de paix dirigé par les Nations unies", a soutenu ce professeur à l'Université de San Francisco. Ce spécialiste du Moyen-Orient s'est indigné par ailleurs du fait que Trump a, à travers sa décision prise le 10 décembre, "reconnu la prise de contrôle d'un Etat africain légalement reconnu par un autre", "ce qui non seulement nuit gravement à la réputation des Etats-Unis, mais encourage même d'autres pays à croire qu'ils pourraient également s'en tirer avec une expansion territoriale". "L'inadmissibilité de tout pays qui étend son territoire par la force est un principe de longue date du droit international. C'est pourquoi de nombreuses personnes qui n'ont peut-être pas d'opinion ou peu de connaissances sur le Sahara occidental se rendent compte que c'est une décision très dangereuse", a-t-il renchéri. Interrogé dans ce même contexte sur les appels lancés au président élu Joe Biden pour révoquer la décision de Trump annoncée en contrepartie de la normalisation entre le régime marocain et l'entité sioniste, Stephen Zunes a estimé que le futur locataire de la Maison Blanche "aurait le pouvoir d'annuler la reconnaissance américaine de l'annexion illégale du Maroc". "Etant donné l'opposition bipartisane (démocrates et républicains) à la reconnaissance et le rejet de l'action unilatérale de Trump par d'autres membres du département d'Etat américain, et peut-être sa propre conscience du dangereux précédent que cette décision représente, il (Biden) pourrait en effet décider d'annuler la décision de Trump", a-t-il insisté. Cela peut dépendre aussi, a ajouté l'expert, "de la pression interne et internationale exercée par les partisans du droit international et de l'autodétermination sur Biden pour qu'il fasse ce qu'il faut". Lire aussi : John Bolton appelle Biden à annuler la décision de Trump au Sujet du Sahara occidental S'agissant des informations sur l'intention de Washington d'ouvrir un "consulat" dans la ville sahraouie occupée de Dakhla, Stephen Zunes a souligné qu'"il n'y a que deux bureaux diplomatiques au Maroc: l'ambassade des Etats-Unis à Rabat et le consulat à Casablanca. Cela n'a donc pas de sens d'avoir un consulat à Dahkla, d'autant plus qu'il n'y a pas de telles missions à Marrakech, Tanger, Fès ou dans d'autres villes beaucoup plus grandes du Maroc". Pour l'analyste, il s'agit simplement d'"un moyen d'institutionnaliser la reconnaissance américaine de l'annexion du Sahara occidental par le Maroc". A une question sur le blocage par le Maroc du processus de paix au Sahara occidental, parrainé par l'ONU et l'échec de celle-ci dans la résolution du conflit dans la dernière colonie en Afrique, Stephen Zunes a réaffirmé que "seul le Conseil de sécurité a le pouvoir de faire appliquer ses résolutions", soulignant toutefois que "la menace d'un veto français (et, selon l'administration, une menace d'un veto américain également) a empêché les Nations unies de faire leur devoir". Devant l'incapacité de l'ONU à faire appliquer ses résolutions appelant notamment à l'organisation d'un référendum d'autodétermination au Sahara occidental, l'expert américain a, en outre, estimé que "la mobilisation de la société civile mondiale" pourrait exercer davantage de pression pour mettre fin à l'occupation marocaine du Sahara occidental depuis 1975. Il a dit encore à ce sujet: "plus il y a de gouvernements capables de défendre le droit international et le droit à l'autodétermination, mieux c'est".