Le président américain, Joe Biden, a beaucoup à perdre "s'il n'annule pas" la décision de son prédécesseur Donald Trump concernant la reconnaissance de la prétendue souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, a indiqué dimanche Shannon Ebrahim, du Groupe Foreign Editor pour Independent Media (Afrique du sud). "A moins que la position de Trump ne soit immédiatement inversée, Biden risque de perdre le soutien au sein de son propre parti, parmi les principaux républicains" et dans plus de 80 pays qui "reconnaissent la République arabe sahraouie démocratique, dont beaucoup en Afrique", a estimé Shannon Ebrahim, dans un long article publié par le site d'information IOL. "Biden devra maintenant choisir s'il respectera la tradition bien établie de la politique américaine sur le Sahara occidental et le respect déclaré du droit international, d'autant plus que les Etats-Unis ont été le détenteur de la plume de toutes les résolutions sur le Sahara occidental et l'autodétermination, ou s'il permettra le non-respect du droit international par Trump", a-t-elle ajouté. La même source a estimé que l'une des premières choses que le Président Biden aurait dû faire lors de son entrée en fonction est "d'annuler" la proclamation de l'ex-président Donald Trump reconnaissant la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. "Cela faisait partie d'une longue liste de mesures de politique étrangère dangereuses prises par Trump avec de graves ramifications pour la région et pour les intérêts américains", a-t-elle affirmé. Elle a souligné que "non seulement Trump a accru les tensions" dans la région, mais il est allé à l'encontre de la politique de l'Union africaine qui reconnaît la République arabe sahraouie démocratique (RASD) en tant que membre souverain de l'organisation panafricaine. M.Biden, a-t-elle rappelé, avait déjà indiqué qu'il souhaitait une relation "forte" avec l'UA et s'est même adressé au récent sommet de l'organisation, a rappelé la même source, estimant que cet objectif sera "difficile à réaliser à moins qu'il n'agisse rapidement pour renverser la déclaration de Trump et ramener les Etats-Unis à sa position historique de soutien à un référendum d'autodétermination au Sahara occidental en vertu de la résolution 690 de l'ONU de 1991". Dans une récente allocution à Chatham House, le ministre sud-africain des relations internationales et de la coopération, Naledi Pandor, a identifié le fait de renverser la reconnaissance par Trump de la prétendue souveraineté marocaine sur le Sahara occidental "comme la partie la plus urgente de la politique américaine envers l'Afrique qui doit être abordée" par le nouveau président Joe Biden. Le 24 janvier, le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, qui était alors président en exercice de l'UA, a appelé M. Biden à annuler la "reconnaissance illégale" de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.Le Sahara occidental est la dernière colonie d'Afrique et fait partie du programme de décolonisation depuis plus de 55 ans. L'OUA, puis l'UA, ont poussé au fil des ans à faire avancer le référendum d'autodétermination du peuple sahraoui, rappelle la même source, notant que le Maroc a "non seulement ignoré sa responsabilité d'organiser le référendum, mais a installé une partie de sa population" dans les territoires occupés du Sahara occidental. "Son intérêt à maintenir son occupation est de contrôler les riches ressources du territoire qui fait la taille du Royaume-Uni". Des organisations de défense des droits humains affirment que le Maroc viole les droits politiques et humains des Sahraouis depuis 1975. Human Rights Watch et Amnesty International ont alerté à maintes reprises qu'il y a eu une escalade notable de la répression dans les territoires sahraouis occupés, depuis que Trump a conclu son accord avec le Maroc, relatif à la reconnaissance de la prétendue souveraineté sur le Sahara occidental en échange d'une normalisation des relations avec l'entité sioniste. Depuis novembre de l'année dernière, des organisations de défense des droits de l'homme et des journalistes ont rapporté que le Maroc exerce une pression intense sur les militants des droits de l'homme et les journalistes dans les territoire occupés. Beaucoup ont été assignés à résidence et sont interdits de visite.