L'Association marocaine des droits de l'Homme (AMDH) a dénoncé la mauvaise politique du royaume concernant le secteur informel, soulignant que la tragédie de Tanger où 29 ouvriers ont trouvé la mort dans une usine clandestine de textile, n'est pas "un cas isolé, mais plutôt le produit d'une corruption endémique". En ce sens, l'AMDH a appelé les autorités à lutter contre "l'exploitation hideuse des entreprises internationales (...) et à créer un mouvement de lutte contre la corruption, la tyrannie, les pots-de-vin et les lobbies économiques". Ainsi, l'association marocaine a dénoncé "les incidents tragiques au cours desquels des travailleurs, hommes et femmes, perdent la vie en raison de la corruption endémique, du mépris total des autorités de leurs responsabilités, du mépris de la vie humaine et la tolérance face à l'avidité des employeurs locaux et étrangers se poursuivent". L'AMDH a rappelé, à ce titre, les conditions de travail de ces employés qui ont perdu la vie (10 ouvriers et 19 ouvrières) après de fortes précipitations ayant inondé une unité de production textile dans laquelle ils travaillaient. "Il s'agit d'une unité industrielle qui se situe dans le garage d'une villa de deux étages, où les conditions élémentaires de santé et de sécurité sont inexistantes", a déploré l'Association qui a dénombré plus de "50 personnes employées au sein de cette unité dont la plupart des mineurs". Selon l'organisme, ces derniers ont été "soumis à une exploitation et une violation flagrantes de leurs droits minimaux stipulés dans le Code du travail devant le regard des autorités". Exprimant sa profonde tristesse pour cette calamité humaine qui a coûté de nombreuses vies humaines et son extrême colère face à la mauvaise politique de l'Etat qui a conduit cette tragédie, le bureau central de l'Association a considéré que ce tragique accident n'est pas "un cas isolé, ni une exception ni un précédent, mais plutôt le produit d'une corruption endémique qui conduit à la collusion des fonctionnaires avec des entreprises avides, et protège les opérateurs qui ne s'intéressent qu'aux profits, au détriment même de la vie humaine". "Ce qui en fait, poursuit l'association, une grave violation des droits des victimes et de leurs familles, d'où la nécessité et l'importance de sanctionner les responsables de ce drame, réparer et faire en sorte à ce que ça ne se reproduise pas". De plus, l'AMDH a estimé que les déclarations faites par le gouvernement marocain rapportées par les médias selon lesquelles l'unité de production en question fonctionnait dans le secret, "sont des aveux qui le condamnent et ne l'innocentent pas". Par ailleurs, concernant le secteur informel, l'AMDH a exigé son éradication dans le domaine de l'industrie, en particulier les industries du textile et du cuir, qui sont actives dans de nombreuses régions du Maroc soulignant la nécessité d'assurer la santé et la sécurité des travailleurs dans toutes les unités de production et d'activer les opérations de contrôle. Le secteur informel représente 20% du produit intérieur brut du pays, selon des médias qui se réfèrent à un précédent rapport de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM). "Au moins 2,4 millions de Marocains travaillent dans des conditions désastreuses, sans sécurité sociale, sans assurance médicale, sans plan de retraite et sans aucune protection juridique", selon la source.