Une organisation marocaine des droits de l'homme a estimé, hier, que le Maroc ne tenait pas compte des éléments constitutifs de l'Etat de droit et n'avait pas de volonté politique quant à l'application de ses engagements en matière des droits humains. L'Association marocaine des droits humains (AMDH) a souligné, dans son rapport annuel sur la violation des droits humains au Maroc en 2010, et dont l'évaluation générale était basée sur le référentiel universel, que «la situation des droits humains se caractérise par l'élargissement de l'écart entre le discours officiel (à) et la pratique réelle des appareils de l'Etat». Ce rapport annuel, présenté lors d'une conférence de presse, affirme que cette absence de volonté politique «s'est avérée principalement dans le désengagement de l'Etat quant à la mise en œuvre des principales recommandations de l'Instance équité et réconciliation (IER) et l'orientation de la politique de l'Etat sur la voie de la régression pour ce qui est des acquis en matière des droits humains». Le rapport constate «la poursuite des violations graves des droits humains, la dégradation de la situation dans les prisons, de la justice et ceux qui en découle comme violation quotidienne des droits des citoyennes». Il relève ainsi «la détérioration des droits économiques, sociaux et culturels, en plus de la persistance de la discrimination contre les femmes, la dégradation de la situation des enfants, la violation croissante des droits des immigrés et des demandeurs d'asile subsahariens et l'absence effective de la protection du droit à un environnement sain». S'agissant du chapitre «droits politiques et civils», l'AMDH a indiqué qu'«elle a suivi de nombreuses violations portant atteinte au droit à la vie et où la responsabilité de l'Etat s'est avérée imliquée soit directement soit indirectement, et ce, à cause de la violence infligée aux citoyens dans les centres de police, les lieux publics, les centres de santé du fait de la négligence, les prisons à cause du surpeuplement et de l'absence des conditions de sécurité sanitaire». «Les violations de ces droits sont des pratiques sans cesse répétées par l'autorité, ce qui se reflète de par les aspects de la violence, la torture et les traitements dégradants et humiliants pratiqués par les différentes forces publiques à l'encontre des citoyens lors des manifestations et des sit-in, ou pendant la garde préventive ou lors de leurs arrestations par les patrouilles de sécurité», note le rapport de l'AMDH.