L'Armée nationale populaire (ANP) s'est attachée depuis l'émergence du "Hirak", le 22 février 2019, à accompagner ce mouvement populaire salvateur qui a pris corps pour s'opposer à un 5ème mandat de l'ex-président Abdelaziz Bouteflika, synonyme de poursuite de l'usurpation du pouvoir par des forces extraconstitutionnelles, réclamer des réformes profondes et sauver le pays de périls certains. Affirmant sa "pleine adhésion" aux revendications légitimes du peuple, le Commandement de l'ANP avait salué "le grand sens de civisme, de conscience, de maturité et le patriotisme inégalé" ayant caractérisé les marches pacifiques du "Hirak", depuis le 22 février 2019 (Journée de la cohésion entre le peuple et son armée), qui ont suscité l'admiration de par le monde et au cours desquelles, et en dépit de leur ampleur, pas une goutte de sang n'a été versée. De son côté, le peuple a exprimé son soutien et son attachement à "son armée" en scandant les slogans "djeich chaab khawa khawa" (l'armée et le peuple sont frères") et "silmiya, silmiya" (pacifique, pacifique), entendus sur tout le territoire national et traduisant la volonté de réformer profondément le pays mais en veillant jalousement à préserver sa stabilité et son unité. Le souci permanent de sauvegarder la stabilité du pays s'est manifesté à chacune des interventions du défunt général de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense nationale, chef d'état-major de l'ANP, durant les semaines qui ont suivi le déclenchement du "Hirak". Le 5 mars 2019, il avait appelé le peuple à "s'ériger en rempart" contre tout ce qui pourrait exposer le pays à des "menaces aux retombées imprévisibles" et contre ceux qui "veulent (le) ramener aux douloureuses années de braises" du terrorisme. Le 26 mars, le défunt Gaïd Salah avait soutenu que la solution de la crise politique à laquelle était confronté le pays résidait dans l'application de l'article 102 de la Constitution, stipulant que lorsque le président de la République, pour cause de maladie grave et durable, se trouve dans l'impossibilité d'exercer ses missions, le Conseil constitutionnel se réunit de plein droit, et après avoir vérifié la réalité de cet empêchement par tous les moyens appropriés, propose, à l'unanimité, au Parlement de déclarer l'état d'empêchement". Gaïd Salah avait invoqué aussi les articles 7 et 8 de la Constitution qui stipulent, respectivement, que "le peuple est la source de tout pouvoir" et qu'il "exerce sa souveraineté par l'intermédiaire des institutions qu'il se donne et aussi par voie de référendum et par l'intermédiaire de ses représentants élus". Dans ce contexte, le président Bouteflika avait présenté le 2 avril sa démission après plusieurs semaines de manifestations populaires contre sa candidature à un 5ème mandat. La voie constitutionnelle pour préserver la patrie des risques de déstabilisation, de chaos En raison de l'impossibilité d'organiser l'élection présidentielle à la date du 18 avril, comme prévu initialement, suite au déclenchement du "Hirak", et celle prévue le 4 juillet, pour cause d'absence de dossier de candidature validé par le Conseil constitutionnel, le président du Conseil de la Nation, Abdelkader Bensalah, avait assumé les fonctions de chef de l'Etat jusqu'au scrutin présidentiel du 12 décembre 2019 qui avait vu l'élection de M. Abdelmadjid Tebboune à la magistrature suprême. Dans des interventions ayant précédé cette élection, Gaïd Salah avait mis l'accent sur l'attachement de l'ANP à la voie constitutionnelle, à travers l'organisation d'une élection présidentielle dans les "meilleurs délais". La recherche d'une solution à la crise politique loin du cadre constitutionnel expose le pays au risque de "basculer dans le chaos", avait-il mis en garde. La lutte contre la corruption étant l'une des principales revendications populaires, Gaïd Salah, décédé le 23 décembre 2019, avait exhorté la justice à mener cette lutte avec détermination et équité. A la veille du référendum du 1er novembre 2020, son successeur à la tête de l'état-major, le général de corps d'armée Saïd Chanegriha, avait affirmé que l'ANP, partant de ses missions constitutionnelles, considère que "la sécurité et la stabilité (du) pays, l'intégrité et la souveraineté de son peuple sont un legs sacré" qui lui incombe. Lors de sa première prise de parole post-élection du 12 décembre, le président Tebboune avait tendu la main au Hirak et appelé à un "dialogue sérieux au service de l'Algérie" pour construire la "Nouvelle République", tout en s'engageant à opérer une "profonde réforme" de la Constitution devant être validée par un référendum populaire, une réforme s'inscrivant "en droite ligne" des revendications du mouvement populaire. A l'occasion de sa prestation de serment, le président Tebboune avait rendu hommage au rôle assumé par l'ANP dans "la défense de la souveraineté nationale, la sauvegarde de la stabilité du pays et l'accompagnement du Hirak". En guise de reconnaissance de cet accompagnement, il a consacré la date du 22 février "Journée nationale de la fraternité et de la cohésion entre le peuple et son armée pour la démocratie". Dans son numéro du mois de février, la revue El-Djeich a rappelé que l'ANP, depuis le début des marches populaires, "a adopté une position de principe immuable, en se tenant aux côtés du peuple, en s'alignant sur ses choix et sur tout ce qui pourrait répondre à ses revendications, dont les plus importantes ont été concrétisées sur le terrain, tandis que d'autres sont sur le point de l'être progressivement, à l'exemple des élections législatives, comme l'a annoncé le président de la République à plusieurs occasions".