Des experts de l'Agence nationale des déchets (AND) ont appelé, jeudi à Alger, les pouvoirs publics à faire contribuer les ménages et les commerces au financement de la gestion des déchets à travers l'application effective de la taxe d'enlèvement des ordures ménagères (TEOM). S'exprimant à l'occasion de la présentation du rapport national sur la gestion des déchets, ces experts ont insisté sur l'importance de cette taxe en tant que mode de financement pratique et durable pour gérer les déchets ménagers. "Les coûts actuels de la gestion des déchets sont estimés à 58 milliards de dinars annuellement et le recouvrement de la taxe pourrait générer aux communes 32 milliards de dinars environ, ce qui permettra d'alléger à 26 milliards de dinars la charge financière qui pèse sur les collectivités locales", a avancé Mme Amel Asma, directrice de l'Economie verte auprès de l'AND et l'une des auteurs du rapport. " Faute de textes d'applications autorisant les communes à gérer cette taxe, qui relevait avant 2010 des services des impôts, ces dernières sont obligées de puiser de leur dotation budgétaire pour financer toute la chaîne de gestion des déchets", a-t-elle fait observer. Les déchets ménagers et assimilés, qui ont atteint 13,5 millions de tonnes en 2020, pourraient augmenter à 23 millions de tonnes en 2035 , a prévenu Mme Asma, précisant que la croissance démographique et le développement urbain accélère l'augmentation de cette quantité de déchets, d'où la préoccupation des pouvoirs publics de mettre en place les systèmes les plus adaptés pour la prévention et une gestion plus efficiente des déchets. Pour sa part, Fatma Zohra Barça, directrice de la gestion intégrée a affirmé que la récupération et le recyclage des déchets ménagers et assimilés ne dépasse pas 9,8% par an actuellement, malgré les potentialités de ce créneau porteurs qui pourraient générer plus de 94 milliards de dinars rien que pour la collecte et la vente aux unités de recyclage. Les auteurs du rapport ont fait observer une mutation de la composition des déchets ménagers et assimilés ces dernières années vu le changement du mode de consommation des ménages. Lire aussi: Gestion des déchets: L'Algérie appelée à exporter son expérience vers l'Afrique Le rapport note une augmentation des produits d'emballage. En revanche, il y a très peu de métaux et de ferraille, puisque ces derniers sont récupérés à la source. Une augmentation de la fraction textiles/couches jetables est à souligner compte tenu des proportions enregistrées. Le taux est passé de 10,26 % en 2010 à 12,62% en 2014 pour atteindre en 2019 un pourcentage de 16,03%. "Cette augmentation est due essentiellement à la croissance démographique", a-t-on expliqué. Une diminution de la fraction papier-carton a été enregistrée en 2018/2019 avec un taux de 7,07 % contre 9,75% en 2010, ajoute le rapport. "Cela est dû à la récupération d'une grande quantité de cette matière en amont, c'est-à-dire directement au niveau des commerçants", expliqué la même source. Idem pour la fraction plastique qui passe de 16,88% en 2014 à 15,21% en 2018/2019. Les métaux ferreux, étant les plus recherchés, ils sont récupérés directement à la source, d'où leur absence au niveau des centres d'enfouissement, à peine 1,71% en 2018/2019, alors que le taux enregistré en 2014 était de 2,84%, conclut le rapport.