L'Association marocaine des droits de l'Homme (AMDH) a condamné le verdict "injuste " prononcé à l'encontre du journaliste Souleiman Raissouni qui a entamé, samedi, son 93 jours de grève de la faim pour protester contre sa détention arbitraire, et a dénoncé "un recul des droits de l'Homme" au Maroc. Dans un communiqué publié sur sa page Facebook, l'AMDH condamne la décision "injuste" rendue à l'encontre du journaliste Souleiman Raissouni après "un simulacre de procès au cours duquel la loi a été violée et le pouvoir judiciaire a été exploité pour un règlement de compte politique avec un journaliste libre et dérangeant". Selon le communiqué, "la justice marocaine a créé un précédent en commettant des violations les plus odieuses contre les principes du droit et de la loi, et contre les normes d'un procès équitable, dont la victime est le prisonnier d'opinion Souleiman Raissouni, contre qui la Cour d'appel de Casablanca a prononcé une peine de cinq ans de prison et 100 000 dirhams à titre de réparation de la partie civile". En effet, le procès a eu lieu en l'absence de Souleiman Raissouni et de sa défense, dénonce-t-on. Il est noté dans le document que le verdict "désastreux" a été rendu contre Souleiman Raissouni, qui a été arrêté le 22 mai 2020, après une série de violations de ses droits en tant qu'accusé, à commencer par son arrestation extrajudiciaire, la falsification du procès-verbal d'arrestation, son maintien en détention après expiration de la période de garde à vue sans justification, et la prolongation injustifiée de la durée de l'enquête. Le journaliste s'est vu refuser également l'accès à son dossier d'accusation jusqu'à ce que le tribunal ait statué sur l'affaire, 11 mois après son arrestation. Figure aussi parmi les violations mentionnées, le juge d'instruction a refusé de citer les témoins à décharge, et la règle des droits de l'Homme n'a pas été activée et le tribunal a rejeté toutes les demandes de la défense sans justification, y compris l'expertise de la résidence de Souleiman dans laquelle les faits présumés (liés au viol dont il est accusé) ont eu lieu, son refus sans justification de ses demandes de libération temporaire et de nombreuses autres violations graves des normes les plus élémentaires d'un procès équitable. Il s'agit, selon l'AMDH, d'"un recul des droits de l'Homme et d'une attaque flagrante non pas contre le journaliste Suleiman, mais contre la législation marocaine, une constitution et une procédure pénale". "Le verdict a été prononcé alors que Souleiman était à son quatre-vingt-treizième jour de grève, après que ses droits les plus fondamentaux ont été violés et que les normes d'un procès équitable dans son cas aient été violées de manière flagrante, dont la présomption d'innocence", rappelle la même source. Le bureau central de l'Association marocaine des droits de l'Homme, qui a suivi le cas du journaliste Souleiman Raissouni, depuis que la presse à la solde du régime marocain, a commencé à lancer des campagnes de diffamation, d'insultes et de calomnies à son encontre, le menaçant d'arrestation, et après avoir suivi de près toutes les étapes de son procès, exprime "sa ferme condamnation d"un règlement de comptes politique ce qui constitue une honte pour la justice marocaine, et tous ceux qui ont recommandé cette série de recul vers plus de tyrannie, d'injustice et d'abus dans notre pays". A cet effet, le Bureau Central demande de libération immédiate du journaliste et détenu d'opinion Souleiman Raissouni, et exprime son entière solidarité avec le prisonnier d'opinion dans l'épreuve qu'il traverse.