Le site d'informations français, Mediapart a consacré, jeudi, un article sur le patron du renseignement intérieur et extérieur du Maroc, Abdellatif Hammouchi, l'artisan de la dernière dérive marocaine liée à l'affaire du logiciel espion israélien "Pegasus", et dans lequel le journal retrace comment la monarchie a bâti au fil du temps un système répressif pour museler la société grâce à la cybersurveillance dont il use et abuse. Le plus grand scandale d'espionnage depuis l'affaire "Snowden" sort de l'ombre Abdellatif Hammouchi, le premier homme dans l'histoire du royaume à cumuler la direction de la sûreté nationale et la Direction générale de la surveillance du territoire. "Il est l'artisan de la dérive sécuritaire et autoritaire du Maroc", déclare un diplomate français cité par Médiapart. La monarchie marocaine est, selon le journal en ligne, "un régime autoritaire qui a bâti au fil des décennies un système répressif pour avoir des yeux et des oreilles absolument partout, dans chacune des strates de la société (..). Un système dont l'un des rouages essentiels aujourd'hui repose sur la cybersurveillance, grâce notamment à Abdellatif Hammouchi". Lire aussi: Affaire "Pegasus": des militants partisans de l'indépendance du Sahara occidental parmi les victimes Le journal rappelle dans l'article que plusieurs personnalités publiques de premier plan, françaises et étrangères, dont le président Emmanuel Macron ainsi que plusieurs ministres, apparaissent directement ciblées par les services de sécurité marocains, rattachés au pouvoir royal, notamment le renseignement extérieur. "C'est la police politique qui gouverne au Maroc, l'atmosphère est irrespirable, confiait auprès de Mediapart et L'Humanité l'intellectuel marocain Maâti Monjib, harcelé et surveillé par le pouvoir marocain. L'historien décrivait "un régime fondé sur le cynisme politique et la calomnie", grâce à l'œuvre d'un serviteur discret de l'Etat en particulier, Abdellatif Hammouchi : "les services de renseignement disposent de dossiers sur toutes les personnalités publiques. La moindre dissension vous expose, sur le champ, à la diffamation. Même des ministres pro-régime, au plus haut niveau, sont parfois diffamés. Quiconque fait un pas de côté s'expose aux foudres du Palais et au dénigrement des médias de diffamation". Parmi les hantises et obsessions du Maroc : la crainte que le peuple marocain,qui étouffe dans un royaume d'inégalités, se soulève, d'après la source. Natif de Taza au nord-est du pays, Abdellatif Hammouchi, 55 ans, est cité notamment dans la brouille diplomatique inédite entre Paris et Rabat, de 2014 à 2015. A l'époque, la justice française instruit trois plaintes déposées contre ce haut personnage de l'Etat marocain pour "torture" et "complicité de torture". Le 20 février 2014, alors qu'il est de passage à Paris, une magistrate parisienne le convoque et envoie des policiers au domicile de l'ambassadeur du Maroc à Neuilly l'interroger. Du jour au lendemain, le Maroc met fin à toute coopération judiciaire et sécuritaire avec la France, notamment en matière d'échanges de renseignements. Au bout d'un an, les deux pays scellent la réconciliation. Selon l'enquête du consortium réuni autour de Forbidden Stories et d'Amnesty International, Rabat a abusé du logiciel Pegasus pour espionner des pays rivaux.