Les élections locales du 27 novembre prochain sont marquées par un recul des listes indépendantes en lice à ce rendez-vous électoral, une situation imputée par des acteurs politiques et des universitaires approchés par l'APS à l'application rigoureuse de la loi électorale et aux résultats obtenus par ces listes lors des dernières législatives. En effet, le nombre de candidats sur les listes indépendantes pour les élections locales du 27 novembre2021 a fortement baissé par rapport aux législatives du 12 juin dernier, enregistrant un taux de 17% pour les Assemblées populaires communales (APC) et 21% pour les Assemblées populaires de wilaya (APW). Selon les statistiques de l'Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), le nombre de candidats aux APC a atteint 115.230, répartis sur 4.860 listes partisanes (95.546 candidats), soit 83%, et 987 listes indépendantes (19.684 candidats), soit 17%. Un total de 18.910 candidats se sont présentés aux APW, répartis sur 341 listes partisanes (15.114 candidats), soit 79 %, et 88 listes indépendantes (3.796 candidats), soit 21%. Par ailleurs, 1.208 listes électorales indépendantes sont entrées en lice en juin dernier, contre 1.080 listes partisanes, soit près de 60% du total des listes, qui ont obtenu 78 sièges sur les 407 de l'Assemblée populaire nationale (APN). A ce titre, M. Daas Salim, un politicien qui a migré d'une liste indépendante (lors des législatives du 12 juin dernier) au parti du Front El Moustakbal pour les actuelles élections locales, a attribué cette baisse aux mauvais résultats obtenus par plus de 1.000 listes. M. Daas estime que les autorités suprêmes du pays ont encouragé, lors des législatives précédentes, l'entrée en lice des listes indépendantes, mais le relèvement du seuil de 5000 voix à 9000 a empêché ces listes d'atteindre les résultats souhaités et a ébranlé la confiance des candidats, au vu des listes exclues en raison du quorum non atteint, fixé par un écart de 50 ou 100 voix seulement, ce qu'il a jugé "décourageant". Selon Nessal Yahia, qui est passé de la liste indépendante Al-Bahdja au parti Sawt Echaâb, la plupart des candidats indépendants ont fait le choix de se présenter dans le cadre de formations politiques car ayant été découragés par les résultats obtenus par leurs listes aux dernières échéances, d'où la nécessité, a-t-il dit, de revoir la loi électorale dans son volet relatif aux listes indépendantes. Les listes n'ont plus la cote depuis que le seuil a été augmenté, a-t-il affirmé, appelant à revoir la loi organique portant régime électoral. Selon Djamel Chaoui de la liste indépendante "Fiha Barakat", en lice pour les élections locales du 27 novembre au niveau de la commune d'Essabt (Skikda), les listes indépendantes ont été boudées pour ces échéances locales à cause du raz-de-marée des partis traditionnels lors des dernières législatives. Les résultats obtenus par les indépendants aux dernières législatives ont, en effet, démenti les pronostics qui misaient sur une nouvelle génération politique, a-t-il dit. Néanmoins, les indépendants, notamment les cadres, qui ont fait de bons résultats lors de ces échéances, ont été très sollicités par les partis, a-t-il ajouté. L'intervenant a, par ailleurs, fait remarquer que de nombreux candidats indépendants ne sont pas satisfaits des modes de financement. L'incidence de la Loi électorale à l'origine de la réticence des candidats indépendants La réticence des candidats des listes indépendantes est due à la loi organique portant régime électoral qui devrait être revue, notamment pour ce qui est de son incidence sur le terrain, a déclaré à l'APS, Amireche Nadir, professeur de droit constitutionnel à la Faculté de droit de l'Université de Constantine.Cette loi, qui ouvre la voie à la participation des compétences et prévoit une lutte contre la corruption et l'argent sale, connait une mise en œuvre excessive sur le plan sécuritaire outre l'annulation de plusieurs candidatures par le juge administratif, d'où la réticence de nombreux candidats, a-t-il expliqué.Pour ce qui est de la collecte des signatures, M. Amireche a fait remarquer que le formulaire des signatures individuelles a eu un grand impact sur l'opération au niveau local, précisant que cela a posé problème au niveau des communes à faible électorat. L'intervenant estime nécessaire de réduire le nombre des signatures pour permettre une plus large participation des candidats et de débattre du seuil fixé à 5 % dans la loi. Cette réticence est due au fait que les candidats ne comprennent pas que l'appui financier est accordé à la liste et non pas au candidat, dans le cadre de règles juridiques et de contrôle strictes. Toute nouvelle loi a besoin d'un délai d'exécution sur le terrain pour connaitre ses effets positifs et négatifs et d'une révision qui tienne en compte la réalité politique.