Le procès en appel des journalistes marocains Omar Radi et Imad Stitou, prévu jeudi au Tribunal de Casablanca, a été reporté au 9 décembre prochain, indique un communiqué de la Cour d'appel. "Ce nouveau délai a été décidé pour permettre à leurs avocats de préparer leur défense", précise la même source, ajoutant que "la liberté provisoire pour Omar Radi n'a pas été accordée". La détention d'Omar Radi depuis juillet 2020 est injuste et contraire à la loi en vigueur, assure la défense. "Dans le droit marocain, la détention préventive est une mesure exceptionnelle", a rappelé l'un des avocats de Radi. Jeudi, l'Organisation Human Rights Watch a appelé à un procès "juste et impartial" dans l'affaire du journaliste marocain Omar Radi, condamné à six ans de prison. Il " a été condamné pour espionnage et viol au terme d'un procès inéquitable", a dénoncé Human Rights Watch dans un communiqué. Si "les autorités veulent montrer que les tribunaux marocains jugent Omar Radi comme n'importe quel citoyen, et ainsi faire taire les accusations d'instrumentalisation de la justice pour emprisonner des opposants sur des motifs douteux, alors elles doivent lui accorder un procès juste et impartial, ce dont il a été privé jusqu'à présent", a-t-elle ajouté. Radi, journaliste d'investigation primé pour ses travaux et militant des droits humains, a publié des articles sur l'accaparement de terres publiques par des spéculateurs. Il est également à l'origine de l'éclatement du scandale de corruption dit des "serviteurs de l'Etat" qui a éclaboussé près de cent personnes, notamment des officiels de haut rang, qui auraient acquis des terrains publics pour une fraction de leur valeur sur le marché. Lire aussi: Affaire Omar Radi: HRW appelle à un procès "juste et impartial" En juillet 2020, il a été arrêté pour "viol" et "atteinte à la sûreté de l'Etat". Des accusations que le journaliste de 35 ans ne cesse de réfuter. Son procès face au tribunal de première instance de Casablanca a été entaché de nombreuses irrégularités. Le tribunal a refusé sans motif valable d'entendre les témoins à décharge de Radi, ainsi que d'autoriser ses avocats à interroger un témoin à charge cité par le ministère public, a regretté l'organisation. Avant d'être arrêté et poursuivi pour "espionnage et viol", Radi avait déjà été condamné à quatre mois de prison avec sursis pour "outrage à magistrat" après un tweet critiquant un juge. "Après des années de harcèlement policier couronnées par une parodie de procès, Omar Radi passe actuellement sa seconde année derrière les barreaux plutôt que de faire son métier et d'enquêter sur la corruption d'Etat", s'est indigné Eric Goldstein, directeur par intérim de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch. Les accusations de violence sexuelle contre Omar Radi "doivent faire l'objet d'enquêtes sérieuses et de procédures judiciaires équitables", a rappelé Eric Goldstein, et les auteurs d'agressions doivent être traduits en justice, dans le cadre de procès équitables pour les plaignants comme pour les accusés.