Des experts de la biodiversité agricole ont souligné mercredi à Alger l'urgence d'accélérer la concrétisation du projet de la banque de gènes, afin de sauvegarder le patrimoine national génétique, animal et végétal. Lors de la deuxième journée de la rencontre sur le rôle de la biodiversité agricole locale dans la sécurité alimentaire et nutritionnelle, organisée par le ministère de l'Agriculture et du développement rural, en partenariat avec la FAO, les participants se sont accordés sur l'impératif de la création de cette banque de gènes végétaux et animaux. "L'instauration de cette banque de gênes est l'une des solutions qui nous permettra de valoriser et de protéger nos ressources contre l'extinction et le bio-piratage", a souligné le professeur Aïssa Abdelguerfi, expert des ressources génétique et ex enseignant à l'Ecole national de l'Agronomie (INA). Le professeur Abdelguerfi regrette que ce projet qui remonte à 1988 soit entravé à cause de contraintes "bureaucratiques", en prévenant que l'absence de ce dispositif pour le stockage et la conservation de notre matériel génétique risque d'aggraver davantage la dépendance de l'Algérie de l'étranger et de favoriser le piratage de son patrimoine. Pour sa part, la directrice de l'agriculture biologique et de la labellisation et de la promotion des productions agricoles au niveau du ministère de l'Agriculture, Malika Hamana, a assuré que la concrétisation de ce projet était au coeur des préoccupations de son département. "Nous avons eu une rencontre le 5 décembre au ministère des Finances en vue d'obtenir le financement nécessaire pour relancer la banque de gènes", a-t-elle fait savoir en précisant que les contraintes financières à l'origine de l'arrêt de ce projet ont déjà été levées et que son département sollicite le secteur des finances pour obtenir les 30% restants nécessaires à sa finalisation. Les intervenants ont également mis en avant le rôle de la société civile et des acteurs économiques notamment les micro-entreprises dans la préservation de la biodiversité. Dans ce contexte, la représentante du ministère de la solidarité, Mme Doudja Djeddi, a souligné le rôle de son secteur dans la mise en oeuvre de la stratégie nationale de la biodiversité via les dispositifs et programmes gérés par l'Agence de développement social (ADS) et l'Agence nationale de gestion du micro-crédit (ANGEM). A ce titre, Mme Djeddi a annoncé que 211 projets ont été financés par l'ADS, entre janvier 2020 et septembre 2021. Ces projets concernent notamment la lutte contre la sécheresse, les incendies et les inondations ainsi que la protection de l'environnement et l'amélioration du mode de vie du monde rural. "Il s'agit également des projets de réalisation d'actions facilitatrices relatives aux infrastructures de base (éclairage public en particulier par les panneaux solaires)", a-t-elle ajouté. Concernant les projets financés par l'ANGEM, leur nombre a atteint 3.433 projets dans le domaine de la biodiversité (horticulture, activité de nettoyage, réalisation et entretien de plantation ornemental et récupération et recyclage de matières métalliques et non métalliques). La rencontre sur biodiversité a permis aux différents intervenants de rappeler la nécessité pour l'Algérie d'améliorer l'utilisation, la valorisation et la diversification de ses ressources locales en facilitant l'émergence d'une nouvelle génération de projets innovants de développement agricole et rural. Cette nouvelle approche devrait impliquer l'ensemble des secteurs économiques concernés et la société civile en favorisant la mutualisation des ressources et des moyens par l'approche participative et intersectorielle, ont-ils soutenu.