en raison de son approche "agressive" de la diplomatie, et à la lumière des tensions avec ses alliés traditionnels et du conflit au Sahara occidental qui risque d'ébranler la stabilité dans la région, selon une analyse parue mardi dans le magazine américain Foreign Policy. Au milieu des tensions avec ses alliés et de l'escalade au Sahara occidental, "le Maroc court le risque de sombrer dans l'isolement et l'hostilité. Avec son approche agressive de la diplomatie, le Maroc fait très peu pour éloigner la région d'un avenir sombre de conflits et d'instabilité", écrit Samia Errazzouki, doctorante en histoire à l'Université de Californie à Davis. Elle souligne que depuis un an, les gros titres brossent le tableau d'"une diplomatie marocaine en déclin". Cela a laissé le pays, d'après elle, "relativement isolé, même parmi ses alliés traditionnels". L'analyste rappelle qu'en mars 2021, le Maroc a suspendu tous ses contacts avec l'Allemagne en raison de sa position en faveur de l'autodétermination du peuple sahraoui. Et en mai de la même année, il a rappelé également son ambassadeur d'Espagne et provoqué la crise migratoire de Ceuta. Cette crise a incité, d'ailleurs, le Parlement européen à adopter une résolution concluant que "le Maroc enfreignait la Convention des Nations unies relative aux droits de l'enfant". Dans cette même analyse, l'auteur est revenu sur l'affaire du logiciel espion "Pegasus" utilisé par des agents des services de renseignement marocains pour pirater le téléphone du président français Emmanuel Macron ainsi que d'un certain nombre de responsables et de journalistes français. "Il existe un consensus général parmi les diplomates (marocains), anciens et actuels, que l'état de la diplomatie marocaine a atteint son point le plus bas depuis l'indépendance", dit-elle, en citant un ancien diplomate marocain. Ce dernier a décrit la diplomatie marocaine actuelle en deux mots : "Erratique et médiocre". Fini le consensus bipartite US sur le Maroc S'agissant des relations entre Rabat et Washington, "le consensus bipartite autrefois inébranlable des Etats-Unis sur le Maroc s'est éloigné d'un soutien indéfectible", d'après l'ancienne journaliste marocaine. Les choses ont commencé à mal tourner pour le Maroc lors de la campagne présidentielle américaine de 2016, lorsqu'il a été annoncé que le roi Mohammed VI avait promis 12 millions de dollars à la Fondation Clinton en 2015. Pendant toute la durée du mandat de Donald Trump en tant que président, il n'a eu aucune réunion officielle avec le roi Mohammed VI, note Mme Errazzouki. Et puis, au cours des dernières semaines du mandat de Trump, il a publié une proclamation disant reconnaître la prétendue "souveraineté" du Maroc sur le Sahara occidental en échange de la normalisation des relations de Rabat avec l'entité sioniste. Cette décision a immédiatement suscité une condamnation bipartite à Washington. Le sénateur républicain Jim Inhofe et le sénateur démocrate Patrick Leahy ont été à l'avant-garde de cette critique, qui s'est poursuivie au sein de l'administration Biden. Inhofe et Leahy ont tous deux rédigé une lettre du Sénat en février 2021 adressée au président américain Joe Biden, l'exhortant à annuler la décision de son prédécesseur. Cette tendance vers la détérioration des liens entre les deux pays est affirmée dans la Loi sur l'autorisation de la défense nationale (NDAA) qui prévoit notamment de limiter les aides et le financement militaire octroyés au Maroc si le Royaume ne s'engageait pas à "rechercher une solution politique mutuellement acceptable au conflit au Sahara occidental". De plus, la NDAA, qui couvre les fonds destinés à l'armée américaine, limite leur utilisation pour tout exercice militaire avec le Maroc à moins que le secrétaire américain à la Défense ne "détermine et ne certifie aux comités de défense du Congrès que le Royaume du Maroc a pris des mesures pour soutenir un accord de paix définitif au Sahara occidental".