La société civile est exclue au Maroc dans le traitement des questions liées aux droits de l'homme par le régime qui présente à la communauté internationale des rapports préparés de façon "unilatérale", comme étant réalisés de manière "participative", selon le défenseur marocain des droits de l'homme, Abderezak Boughanbour. Dans une déclaration à la presse, Boughanbour dénonce la politique du régime du Makhzen marocain excluant toute "approche participative" dans le traitement des dossiers liés aux droits de l'homme dans le royaume. D'après le militant, l'Etat marocain présentait des rapports préparés de façon "unilatérale" et les présentait à la communauté internationale comme étant réalisés avec les organisations en charge de la question des droits humains. Boughanbour ajoute que l'Association marocaine des droits de l'homme figure parmi les rares organisations à dresser des rapports "objectifs", mais qui sont traités par le régime du Makhzen comme des rapports "subjectifs" et qui "tendent à noircir le tableau". Il a défendu le travail de l'association, expliquant qu'"elle examine les rapports de ses branches avant qu'ils ne soient approuvés, surveille et dénonce les pratiques négatives à travers les branches et les médias", appelant l'Etat à "ouvrir la porte à ces associations". Selon l'organisation de défense des droits humains marocaine (AMDH), le royaume a connu "une régression sans précédent" en matière de liberté d'expression et de la presse en 2021. Lors de la présentation jeudi de son rapport annuel sur les libertés publiques, elle a dénoncé la poursuite des arrestations et des procès "dans un contexte autoritaire marqué par la répression et les restrictions". L'association a recensé 170 cas de poursuites judiciaires ou d'incarcérations visant des journalistes, des blogueurs et des militants de mouvements sociaux l'an dernier. Elle réclame l'annulation de ces poursuites. L'AMDH déplore aussi l'interdiction de plus de 140 manifestations tout au long de l'année sous couvert de l'état d'urgence sanitaire. Membre observateur du Conseil économique et social de l'ONU, l'association demande la levée des restrictions imposées aux associations notamment de défense des droits humains, comme le refus des autorités de renouveler les accréditations pour exercer leurs activités. L'AMDH a exhorté par ailleurs les autorités à "arrêter d'utiliser des affaires de droit commun pour poursuivre des journalistes en raison de leur travail". Trois journalistes marocains --Soulaimane Raissouni, Omar Radi et Taoufik Bouachrine-- ont été condamnés depuis 2018 à de lourdes peines de prison ferme pour "des agressions sexuelles" qu'ils nient catégoriquement. Le Maroc occupe la 136e place sur 180 pays du classement mondial de la liberté de la presse de Reporters Sans Frontières (RSF).